Un vaccin antimétastatique imminent contre le cancer de la prostate
La plupart des patients atteints de cancer de la prostate sont diagnostiqués à un stade prémétastatique et localisé de la maladie. Ils doivent subir l’excision de la tumeur primaire par intervention chirurgicale ou radiothérapie, suivie d’une surveillance active pour garantir qu’une rechute du cancer ne survient pas. Malgré l’incidence fréquente de formation de métastase, il n’existe actuellement aucun traitement postopératoire pour limiter directement la formation de micrométastases. Les traitements disponibles présentent des effets secondaires graves, sont principalement dirigés aux stades plus avancés de l’évolution du cancer et provoquent presque toujours une résistance. Il est urgent de mettre en place de nouvelles stratégies thérapeutiques qui agissent de manière précoce sur le cancer de la prostate, avant que le cancer ne réapparaisse et que les cellules cancéreuses commencent à se répandre, rendant le traitement bien plus difficile et coûteux. Cibler les cellules métastatiques Pour relever ce défi, le projet RV001, financé par l’UE, a développé un vaccin thérapeutique contre les cellules cancéreuses métastatiques. «Le vaccin RV001 cible la RhoC, une protéine qui se trouve surexprimée seulement chez les cellules cancéreuses métastatiques», explique la Dre Golnaz Borghei, associée en développement commercial chez RhoVac, une entreprise de biotechnologie. Le RV001 est le premier produit de RhoVac, et le seul médicament qui cible la formation de micrométastases à un stade précoce de l’évolution du cancer. Il s’agit également du premier vaccin contre le cancer métastatique qui serait susceptible d’être utilisé pour traiter et prévenir pratiquement tous les types de cancer métastatique. Le concept du RV001 repose sur la reprogrammation des cellules T du patient. L’objectif consiste à permettre la reconnaissance et l’élimination de cellules cancéreuses métastatiques à un stade précoce. Les chercheurs ont montré que l’administration du peptide issu de la RhoC aux patients peut activer les cellules T CD4 et CD8+, améliorant ainsi la réponse immunitaire globale contre le cancer. L’impact clinique du RV001 À ce jour, le vaccin a été testé chez des patients atteints de cancer de la prostate après l’extraction de la tumeur primaire, et avant la formation de métastase, en vue de relever le défi posé par l’incidence élevée de métastase après l’excision de la tumeur primaire. Les résultats issus de l’essai clinique de phase I/II, qui a compris la participation de 22 patients après prostatectomie, ont prouvé l’excellente tolérabilité et la sécurité du RV001. Il est important de noter que la plupart (86 %) des patients ont présenté une réponse immunitaire significativement positive. Comme le souligne la Dre Borghei: «La prochaine étape consiste à valider l’efficacité du médicament dans le cadre d’un essai clinique de phase IIb chez un plus grand nombre de patients». Néanmoins, elle met l’accent sur le besoin de partenariats et d’investissements en capital pour garantir le succès de la commercialisation du vaccin. Le RV001 peut potentiellement être administré à plus de 150 000 patients rien qu’en Europe et aux États-Unis, les aidant à réduire la charge du cancer de la prostate à un stade précoce. Cette action apportera des revenus estimés à un milliard d’euros d’ici 2030. Le RV001 détient d’importants avantages concurrentiels comme le fait de cibler un stade de la maladie pour lequel il n’existe actuellement aucun traitement associé à une sécurité et une rentabilité élevées. Dans le même temps, les scientifiques sont convaincus qu’il fonctionnera contre plusieurs types de cancer métastatique. L’idée est d’utiliser le RV001 comme monothérapie après l’intervention chirurgicale ou la radiothérapie effectuées sur la tumeur principale. Cependant, le vaccin s’avère intéressant car il peut potentiellement être combiné avec d’autres traitements pour lutter contre la métastase à différents stades du développement et de l’évolution du cancer. En sachant que la métastase est responsable de 90 % des décès liés au cancer, il existe certainement un grand créneau pour le développement de médicaments antimétastatiques. La Dre Borghei espère que le «RV001 est bien placé pour devenir la norme de soins pour la prévention des métastases à un stade précoce du cancer de la prostate».
Mots‑clés
RV001, vaccin, cancer de la prostate, métastase, RhoC, cellule T