Un nouveau nanodiagnostic nécessaire pour améliorer les soins de santé
Les médecins qui travaillent dans des zones migratoires sensibles, dans des pays où les infrastructures de laboratoire sont insuffisantes, ou dans d’autres situations exigeantes, doivent souvent pouvoir dépister de grandes populations rapidement et de manière non centralisée. Les patients qui préfèrent ne pas se déplacer trop loin pour subir un dépistage, et ceux dont l’état nécessite une intervention rapide, comme ceux atteints d’une éventuelle leucémie myéloïde chronique, en bénéficieraient également. Le projet Nano4 financé par l’UE a mis au point un diagnostic rapide, précis et bon marché sur le lieu d'intervention pour certains virus, agents pathogènes et types de cancers. Cette technologie permettra aux décideurs des soins de santé d’agir rapidement, de sauver des vies, de réduire la douleur et d’éviter des erreurs. Elle pourrait même empêcher la propagation des épidémies. Une technologie perturbatrice pour les diagnostics moléculaires La plateforme Nano4 peut diagnostiquer la présence d’une maladie en utilisant un révélateur de couleur (détection colorimétrique) capable de modifier les propriétés des nanoparticules. Après avoir recueilli un échantillon auprès d’un patient, par exemple une expectoration (salive et mucus) ou de l’urine, les acides nucléiques sont extraits et ensuite mélangés à des nanosondes en or. La présence de séquences d’acide nucléique caractéristiques, comme en témoigne l’activité des nanoparticules d’or dans le mélange, est ensuite détectée par les nanosondes, ce qui permet d’identifier les microbes et/ou le gène responsables de la maladie. Au départ, la couleur de la solution est rouge vif. Si elle devient bleue après avoir ajouté le révélateur, cela signifie que la molécule de la maladie n’est pas présente. Si elle reste rouge, elle est présente. «Étant donné que la Nano4 est très sensible, elle peut fournir une indication immédiate de la présence ou de l’absence d’une maladie», explique le coordinateur du projet et fondateur de Nano4 Global, M. Filipe Assoreira. Toutefois, ce potentiel révolutionnaire pour les diagnostics moléculaires représentait également le plus grand défi de l’équipe. Comme l’explique le professeur Pedro Baptista (directeur scientifique de Nano4 Global): «Nano4 est une technologie perturbatrice car elle peut être appliquée à n’importe quelle maladie ou affection ayant une signature moléculaire (ARN/ADN). Nous avons donc dû fournir des efforts considérables pour faire comprendre au marché où elle pouvait être intégrée dans la chaîne de valorisation, aussi bien pour le patient que pour l’industrie dans son ensemble.» Jusqu’à présent, Nano4 a validé le diagnostic de la technologie pour une série de maladies, y compris pour des agents pathogènes (Zika, SARM, salmonelle) et des types de cancers (poumon, colon, leucémie). Le test de résistance aux antibiotiques devrait être l’application la plus courante, alors que l’industrie des soins de santé a déjà investi dans les principaux programmes. Dans le même temps, les diagnostics compagnons (permettant d’identifier des biomarqueurs spécifiques accompagnant la thérapie) et les diagnostics de cancer représentent les domaines où Nano4 devrait atteindre sa plus forte croissance au cours des prochaines années. Un diagnostic pour ceux qui seraient autrement exclus Le projet a déjà enregistré un certain nombre de réussites. Le professeur Baptista, rappelant son travail de terrain avec la professeure Alexandra Fernandes (directrice des opérations de Nano4 Global) déclare: «Quand elle a été appliquée à la leucémie myéloïde chronique, Nano4 a fourni aux médecins un outil supplémentaire pour simplifier le diagnostic. Durant le projet, nous avons pu assister une équipe clinique pour réévaluer l’évolution de la maladie et le traitement d’un patient, et nous lui avons sauvé la vie.» Cependant, c’est avec la tuberculose que l’équipe a identifié une occasion unique de démontrer la capacité de Nano4 à se développer pour répondre à la demande du marché. Alors que la tuberculose est essentiellement répandue dans les pays où les infrastructures de laboratoire sont insuffisantes, elle représente une bonne opportunité de mettre en avant toute la puissance de la technologie pour réduire la charge de l’investissement en matière de temps et d’argent qui pèse sur les systèmes de santé. En partageant la motivation profonde de l’équipe, M. Assoreira s’enthousiasme: «Débattre des applications méthodologiques de Nano4 nous rappelle pourquoi nous avons débuté ce projet: fournir un diagnostic aux personnes autrement exclues. En nous rappelant nos visites sur le terrain en Afrique et au Brésil avec les patients, les cliniciens et le personnel de santé nous encouragent à fournir des intervenants de première ligne pouvant poser des diagnostics durables pour améliorer la qualité de vie.» Actuellement, Nano4 intensifie sa production, attend la certification CE pour les diagnostics in vitro (DIV) et fait l’objet d’une validation complète de sa performance.
Mots‑clés
Nanotechnologie, diagnostic, nanosondes, nanoparticules, cancer, tuberculose, résistance aux antibiotiques, biomarqueur, diagnostic moléculaire, agents pathogènes, lieu d’intervention