Un nouveau vaccin antipaludique
Le paludisme, causé par le parasite protozoaire Plasmodium falciparum, est transmis par des femelles de moustiques anophèles infectées. Les parasites envahissants migrent dans un premier temps dans le foie puis ils suivent un cycle de vie complexe comprenant quatre étapes: sous forme de sporozoïte, dans le foie, dans le sang et dans le moustique. Jusqu'à présent, la mise au point d'un vaccin contre le paludisme s'est avérée difficile, principalement du fait des différences dans l'expression des gènes à chaque étape du cycle de vie et de l'important polymorphisme des nombreux antigènes du parasite. Les essais cliniques des vaccins ont montré l'importance d'une conformation correcte des antigènes au cours de la production du vaccin et mis en évidence la nécessité de réponses exceptionnellement fortes des anticorps et des lymphocytes T pour provoquer une immunité protectrice. La mise au point de vaccins antiparasitaires complets a été entravée par des problèmes de fabrication, de mise en production et d'administration. Il n'existe à ce jour aucun vaccin agréé contre le paludisme, et le candidat le plus avancé (appelé RTS,S) cible une protéine de l'étape pré-érythrocytaire dont le parasite a besoin pour pénétrer dans le foie. Même si une large part de la réponse immunitaire engendrée est dirigée contre la protéine de l'enveloppe virale du virus de l'hépatite B intégré au vaccin, son efficacité pourrait atteindre 60 %. Un vaccin en plusieurs étapes Le projet paneuropéen MULTIMALVAX, financé par l'UE, a réuni des experts universitaires et industriels européens de premier plan dans ce domaine. «L'objectif principal du programme de développement clinique de MULTIMALVAX était de développer le concept d'un vaccin en plusieurs étapes très efficace contre le paludisme», déclare le professeur Adrian Hill, coordinateur du projet. Le consortium a exploité de récentes avancées dans la conception des vaccins, dont une approche de vecteur viral basée sur l'adénovirus du chimpanzé (ChAd63) et les vecteurs vaccinaux Ankara (MVA) modifiés pour une vaccination prime-boost. La capacité de cette combinaison de vecteurs à engendrer des réponses fortes des lymphocytes CD8+ T et des titres d'anticorps élevés contre de nombreux antigènes du paludisme en fait un outil prometteur pour les vaccins contre le paludisme. Les chercheurs ont combiné le vaccin candidat protecteur R21, une particule de nouvelle génération semblable à un virus et ciblant les sporozoïtes, ainsi que des vecteurs viraux ciblant le parasite en phase hépatique, l'antigène RH5 en phase sanguine, et le vaccin candidat de blocage de transmission Pfs25. Les vecteurs générés exprimant les composants des différentes phases ont été évalués individuellement avant un récent essai de combinaison. RH5 a montré son innocuité en tant qu'antigène vaccinal chez l'humain et sa capacité à inhiber la croissance de souches croisées. Les résultats de l'essai du vaccin vectorisé de blocage de transmission ont démontré son innocuité et son immunogénicité pour produire à la fois des anticorps et des lymphocytes T. Les avantages d'une approche à plusieurs impacts L'interruption de la transmission du paludisme est un objectif important de la vaccination contre cette maladie. «L'approche du vaccin de MULTIMALVAX tire parti des synergies potentielles entre les composants vaccinaux agissant à différentes étapes du cycle de vie», explique le professeur Hill. «Autre avantage, un parasite présentant une variante lui permettant d'échapper à une réponse immunitaire restera vulnérable à une réaction immunitaire aux autres composants du vaccin.» Les données précliniques du projet MULTIMALVAX ont montré que différents antigènes de la phase moustique peuvent induire un blocage puissant de la transmission par des souches africaines de P. falciparum. Il est important de noter que la combinaison des composants des phases anti-sporozoïte et anti-hépatique ont produit des effets synergiques. Depuis plusieurs décennies, un des principaux objectifs de la recherche mondiale dans le domaine sanitaire est la mise au point d'un vaccin vraiment efficace contre le paludisme. Dans cette optique, le projet MULTIMALVAX a combiné certains des antigènes et systèmes d'administration les plus prometteurs pour chaque étape du cycle de vie de P. falciparum. Selon les partenaires du projet, le vaccin proposé pourrait être fabriqué de façon économique afin de répondre à un besoin annuel de dizaines de millions de vaccinations dans les pays en voie de développement. La prochaine étape est de poursuivre l'optimisation et l'évaluation de ce vaccin à plusieurs étapes dans des régions d'Afrique où le paludisme est endémique, dans le cadre d'OPTIMALVAX, un nouveau programme financé par l'UE.
Mots‑clés
Paludisme, vaccin, Plasmodium falciparum, cycle de vie, MULTIMALVAX