Exploiter les données pour une fabrication plus durable
Les fabricants redéfinissent et ajustent en permanence leurs lignes de production afin de produire des biens qui répondent aux exigences des clients et de garantir une utilisation optimale des ressources. Toutes les usines ne sont toutefois pas en mesure d’exploiter pleinement l’ensemble des données générées, notamment en raison de la complexité technique et du coût. «L’un des principaux objectifs du projet i4Q était de développer des outils capables de saisir et de gérer les données d’une usine», explique la coordinatrice du projet, Georgia Apostolou, du Centre de recherche et de technologie Hellas (CERTH) en Grèce. «Nous voulions développer des outils de simulation et d’optimisation permettant une approche intégrée de la fabrication à tolérance zéro.»
Des outils numériques
Le projet i4Q a collaboré avec divers fabricants pour identifier et comprendre les processus de production essentiels et pour localiser les problèmes sur les chaînes de production. Il s’en est suivi l’élaboration d’outils conviviaux basés sur cinq problèmes fondamentaux en matière de données: la détection des problèmes, la communication de ces problèmes en temps réel, l’analyse et la simulation informatiques, le stockage des données et l’optimisation. «Chaque fabricant connaît ses propres problèmes», explique Georgia Apostolou. «En appliquant des services de données industrielles fiables basés sur l’internet des objets (IdO) et l’IA, nous voulions créer des outils faciles à utiliser et adaptables à des défis spécifiques.» Une gamme de 22 outils a été créée, chacun pouvant être adapté aux besoins de fabricants spécifiques. Les outils couvrent le cycle de vie des données, de la collecte et du stockage à l’analyse et à la diffusion. Le projet a également développé des outils logiciels basés sur le web pour aider les fabricants à visualiser les informations, en mettant l’accent sur la convivialité.
Des essais en conditions réelles
La suite d’outils a été installée, testée et validée sur six lignes de production en usine. Ces usines produisent des équipements industriels de métal, des équipements spécialisés pour le bois, des produits blancs, des outils d’usinage de métaux, des céramiques et des plastiques. Les essais ont fourni des informations inestimables,qui ont permis à l’équipe de production d’apporter des améliorations au fur et à mesure de l’avancement du projet. «Prenons l’exemple d’un fabricant de céramiques», ajoute Georgia Apostolou. «Le processus de production consiste à façonner l’argile en plaques, à les passer au four et à leur appliquer un vernis liquide. Il peut arriver que l’on applique parfois trop de liquide sur chaque plaque. Cela crée une surface inégale qui n’est pas esthétique, entraînant un certain gaspillage.» L’incapacité de prévoir, de contrôler et de vérifier le vernissage en temps réel peut entraîner la destruction de centaines de plaques, ce qui coûte au fabricant du temps, du matériel et de l’argent. Pour remédier à ce problème, le projet i4Q a installé des capteurs à des étapes critiques de la chaîne de production. Ses données sont analysées en temps réel et des alertes sont envoyées aux opérateurs des machines en cas de détection d’une erreur potentielle. Cela permet d’interrompre immédiatement la production et d’optimiser le processus.
La puissance des mégadonnées pour réduire les déchets
L’équipe d’i4Q commercialise actuellement plusieurs des outils de données les plus avancés en créant des start-ups liées au projet, telles que CDXi solutions, et des places de marché, telles que la plateforme i4FS. Celles-ci permettent aux partenaires du projet de promouvoir leurs outils et d’entrer en contact avec des clients potentiels. «Certains partenaires industriels du projet souhaitent également continuer à utiliser les outils au-delà de l’achèvement du projet et ont signalé le besoin de fonctionnalités supplémentaires, ce à quoi nous travaillons actuellement»», déclare Georgia Apostolou. L’équipe d’i4Q est convaincue que l’exploitation de la puissance des mégadonnées aidera les fabricants industriels à réduire leurs déchets, à améliorer la qualité de leurs produits, à optimiser l’utilisation de l’énergie et à réussir une production plus durable. Il conviendra de veiller à ce que ces outils soient faciles à utiliser afin d’encourager leur adoption par les entreprises désireuses de moderniser leurs chaînes de production. «Il est essentiel d’évoluer vers une fabrication plus verte, avec moins de déchets», confie Georgia Apostolou. «Les innovations initiées par le projet i4Q continueront à façonner le domaine de la fabrication intelligente. Ces avancées devraient permettre de créer des environnements de production à tolérance zéro totalement intégrés, renforçant ainsi la compétitivité et la durabilité du secteur manufacturier. En démontrant les avantages du travail avec les données, nous nourrissons l’espoir que davantage d’entreprises se joindront à nous.»
Mots‑clés
i4Q, fabrication, données, IdO, IA, usine, déchets, céramique, tolérance zéro