Le risque d’obésité et de retard du développement cérébral est-il plus élevé chez les garçons que chez les filles?
Une nouvelle étude soutenue par les projets HELIX et ATHLETE financés par l’UE a révélé que le risque d’obésité et de retard de développement neurologique peut varier chez les garçons et les filles en fonction de leur exposition à certains facteurs environnementaux pendant la grossesse. Publiée dans la revue «BMC Medicine», l’étude identifie un environnement combinant quatre niveaux d’exposition qui protègent les filles de ces conditions. Pour leur étude, les chercheurs ont analysé les données concernant plus de 1 000 enfants du projet HELIX. Ils ont étudié le lien entre l’obésité et 93 expositions pendant la grossesse en relation avec l’environnement urbain, les produits chimiques et les facteurs sociaux et de mode de vie afin de déterminer si certaines expositions protégeaient davantage les filles que les garçons. Ils ont également étudié les données cliniques, neuropsychologiques et de méthylation relatives aux enfants âgés de 5 à 11 ans afin d’évaluer si ces expositions prénatales sont corrélées à des changements épigénétiques, c’est-à-dire à des modifications de l’ADN qui déterminent si les gènes sont activés ou désactivés. L’étude épigénétique s’est concentrée sur la méthylation de l’ADN, une réaction chimique dans l’organisme au cours de laquelle une petite molécule appelée groupe méthyle est ajoutée à l’ADN et qui joue un rôle essentiel dans le développement sain de l’être humain.
L’importance de l’environnement
L’équipe de recherche a réparti les enfants dans deux environnements d’exposition différents, nommés E1 et E0. L’environnement E1 consistait en une combinaison de niveaux d’exposition qui conférait aux filles un risque d’obésité sensiblement plus faible que celui des garçons, par rapport à l’environnement E0 qui consistait en la combinaison restante de niveaux d’exposition. L’équipe a également cherché à savoir si l’association entre le genre et le retard de développement neurologique différait également entre E0 et E1. Comme le rapporte l’étude, E1 était défini par la combinaison d’une faible consommation de produits laitiers, de niveaux de cotinine dans le sang associés aux non-fumeurs, d’une faible richesse des infrastructures et de la présence d’espaces verts dans les quartiers où vivaient les mères enceintes. L’analyse de l’interaction entre le genre et l’environnement sur l’obésité infantile a permis d’identifier E1 comme un environnement prénatal qui offrait aux filles une protection contre l’obésité sensiblement plus importante que celle des garçons pendant la préadolescence. «E1 était également associé à un risque plus faible de retard neurodéveloppemental chez les filles, sur la base de tests neuropsychologiques d’intelligence non verbale […] et de mémoire de travail», écrivent les auteurs. «En résumé, dans leur enfance, les filles peuvent être protégées contre l’obésité si leurs mères enceintes consommaient modérément des produits laitiers, avaient des niveaux de cotinine de non-fumeurs, et vivaient dans des environnements dotés de peu d’infrastructures haut de gamme et disposant d’espaces verts. L’environnement protège également contre le retard de développement neurologique de l’intelligence non verbale et de la mémoire de travail. Si la protection féminine est mesurée au regard du risque masculin, la protection féminine l’emporte sur le risque d’obésité chez les garçons», concluent les chercheurs dans leur article. L’étude pourrait contribuer à sensibiliser le public à l’impact de l’alimentation et du tabagisme pendant la grossesse sur l’obésité et le développement neurologique. Le projet HELIX (The Human Early-Life Exposome – novel tools for integrating early-life environmental exposures and child health across Europe) s’est achevé en 2017. Le projet ATHLETE (Advancing Tools for Human Early Lifecourse Exposome Research and Translation) se termine en 2024 Pour plus d’informations, veuillez consulter: site web du projet ATHLETE.
Mots‑clés
HELIX, ATHLETE, grossesse, obésité, développement neurologique, prénatal, garçon, fille, enfant