Conversion de déchets de bois en biocarburants dans la sidérurgie
Il est urgent de trouver des sources d’énergie vertes et de réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Les déchets de bois, y compris le bois de démolition et les déchets de meubles, sont une ressource inexploitée qui pourrait constituer une source d’énergie alternative.
Production de biocharbon à partir de déchets de bois
Le projet Torero, financé par l’UE, introduit un nouveau concept d’utilisation des déchets de bois qui ne peuvent être recyclés et qui seraient autrement incinérés. La technologie, développée et adaptée par TorrCoal, partenaire du consortium, repose sur la torréfaction: un processus thermochimique qui se déroule à des températures élevées (jusqu’à 350 °C) mais en présence d’une faible quantité d’oxygène, réduisant ainsi la teneur en eau et en substances volatiles de la biomasse. «La torréfaction convertit les déchets de bois en biocharbon, remplaçant ainsi le charbon fossile, qui est l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre dans la production d’acier», explique Wim Van der Stricht, coordinateur du projet et directeur technique d’ArcelorMittal. L’innovation de Torero réside dans le fait que le biocharbon généré peut être utilisé pour remplacer le combustible fossile dans le haut fourneau des installations industrielles sidérurgiques. Les déchets de bois sont collectés, traités de manière appropriée et soumis à la torréfaction avant d’être transportés vers le haut fourneau à la place du charbon fossile. En collaboration avec le projet STEELANOL, les émissions de gaz résiduels de l’aciérie résultant de l’incorporation de biocharbon dans le haut fourneau peuvent être converties en bioéthanol grâce à un processus de fermentation à base de microbes. Par conséquent, les déchets de bois génèrent essentiellement une matière première compétitive pour la production d’un biocarburant, créant ainsi une chaîne de valorisation supplémentaire dans le secteur des transports.
Usine pilote de Torero
«Torero est une technologie complémentaire qui peut être utilisée pour moderniser les installations existantes du secteur sidérurgique, une industrie qui recherche activement des solutions technologiques pour rendre ses processus de production plus durables», souligne Wim Van der Stricht. Le projet pilote a été mis en service à la fin de l’année 2023, et les premiers lots de biocharbon ont été produits à partir de déchets de bois. La production atteindra sa pleine capacité dans le courant de l’année 2024 et devrait générer 37 500 tonnes de biocharbon par réacteur et par an. Après optimisation de l’usine et de la technologie, ce chiffre devrait atteindre 50 000 tonnes par an d’ici 2025, ce qui se traduit par une réduction de 150 000 tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère grâce au remplacement du charbon fossile par du biocharbon dans le processus de fabrication de l’acier. En outre, le processus de fermentation des gaz résiduels de la sidérurgie produira 80 millions de litres de biocarburant, ce qui contribuera également à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Vers la neutralité climatique
Grâce à sa technologie innovante, Torero a relié plusieurs secteurs, dont l’industrie sidérurgique, la chaîne des déchets de bois et l’industrie du recyclage des déchets, à la production de carburants renouvelables. Le consortium envisage en outre de mettre en œuvre la technologie dans d’autres aciéries et d’étendre la matière première des déchets de bois à d’autres types de biomasse et de déchets. Il est important de noter que le processus de production de Torero est conforme aux objectifs de durabilité des Nations unies en matière d’industrialisation et de lutte contre le changement climatique. En outre, il peut contribuer à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre et à atteindre les objectifs de la Commission européenne relatifs aux biocarburants avancés dans le secteur des transports. Grâce à une approche d’économie circulaire, il peut soutenir la neutralité climatique.
Mots‑clés
Torero, déchet de bois, biocharbon, biocarburant, torréfaction, sidérurgie, éthanol, neutralité climatique