Des scientifiques résolvent le mystère du renouvellement cellulaire
Des chercheurs ont découvert comment des cellules mères âgées et endommagées pouvaient produire des cellules filles saines, un mystère désormais résolu. Ces travaux révolutionnaires, en partie financés par l'UE, sont publiés dans la revue Cell. Les résultats de l'étude révèlent comment les cellules de levure utilisent une sorte de courroie de transport pour déplacer les protéines endommagées dans les cellules mères avant de former de nouvelles cellules par le processus de mitose. «Ainsi, la cellule fille ne contient aucune marque de vieillesse», explique le professeur Thomas Nyström, chercheur en chef du département de biologie cellulaire et moléculaire de l'université de Göteborg, en Suède. L'équipe de recherche du professeur Nyström a déjà publié de nombreuses études sur le vieillissement des cellules, mais cette nouvelle étude est la pièce maîtresse du puzzle. L'étude a été menée dans le cadre de deux projets à financement européen: MIMAGE («Role of mitochondria in conserved mechanisms of ageing»), financé à hauteur de 7,4 millions d'euros, et PROTEOMAGE («Functional analysis of evolutionarily conserved mechanisms of ageing on advanced proteome analysis»), financé par 10,7 millions au titre du domaine thématique «Sciences de la vie, génomique et biotechnologie pour la santé» du sixième programme-cadre (6e PC). Cette étude montre comment les cellules filles utilisent des structures similaires à des courroies pour transporter les protéines endommagées vers les cellules mères, permettant ainsi aux cellules filles de naître jeunes et saines. «Nous pensions auparavant que ces structures ne permettaient qu'une circulation à sens unique pour les protéines et organites depuis la cellule mère vers la cellule fille», explique le professeur Nyström. «Mais désormais, nous savons que les protéines endommagées sont transportées dans le sens contraire. Ceci veut dire que la cellule fille utilise la cellule mère comme une «poubelle» pour tous les déchets résultant du vieillissement, s'assurant que la cellule nouvellement formée est exempte de tout défaut lié à l'âge.» L'équipe a découvert que le processus de transport est mécanique et qu'il repose sur des structures appelées câbles d'actine qui fonctionnent comme des courroies de transport. Le gène SIR2 est responsable de la formation correcte de ces câbles d'actine. Des études antérieures avaient montré qu'une modification au niveau du gène SIR2 pouvait rallonger considérablement la vie d'un organisme. «Un SIR2 plus actif se traduit par une vie plus longue, mais s'il est endommagé, le vieillissement est accéléré», commente le professeur Nyström. «Des études sur la levure, les vers, les mouches et des poissons l'ont confirmé et ce pourrait bien être le cas chez les mammifères.» Le professeur Nyström pense que ces nouveaux résultats sur le transport d'éléments endommagés vers les cellules mères conduiraient au développement de nouveaux traitements contre les maladies liées à l'âge provoquées par la toxicité des protéines chez l'homme, bien qu'il soit trop tôt pour en préciser les modalités. «La première chose à faire est de vérifier si le transport des protéines endommagées se fait aussi dans les cellules des mammifères et chez l'homme, par exemple au niveau de la formation des gamètes et des cellules souches», conclut-il. Les projets MIMAGE et PROTEOMAGE comptent au total 31 partenaire venant de 12 pays membres de l'UE, du Canada et de la Chine.
Pays
Suède