Les mécanismes anormaux de la cicatrisation
La cicatrisation fibroproliférative ou hypertrophique entraine la formation progressive de cicatrices tissulaires. Cette fibrose peut entraîner une perte de fonction de l'organe et in fine conduire à une défaillance complète de l'organe et par conséquent à la mort. La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est l'exemple même de ce type de pathologies. Treize partenaires universitaires, cliniques et industriels se sont réunis sous l'égide du projet RESOLVE («Resolve chronic inflammation and achieve healthy aging by understanding non-regenerative repair»). Ces chercheurs ont tenté de décrypter les mécanismes régulateurs impliqués dans la cicatrisation fibroproliférative. Ils ont utilisé des modèles humains et animaux et des études sur des patients atteints de fibrose pulmonaire afin d'obtenir des données exhaustives rassemblant tests cliniques, fonctionnels et pathologiques. Le phénomène de réparation de la peau, des poumons et du foie a ainsi été comparé lors d'une cicatrisation normale, inflammatoire ou fibroproliférative sur de jeunes patients et sur des personnes âgées. Les chercheurs ont également évalué leur réponse au traitement immunosuppresseur. Les partenaires du projet ont réussi à identifier plusieurs points de contrôle fonctionnels délimitant la frontière entre une guérison normale et la cicatrisation fibroproliférative. En utilisant une analyse de biologie des systèmes, les chercheurs ont ainsi pu déterminer les modifications cellulaires et phénotypiques associées à une cicatrisation anormale. Ils ont également découvert deux aberrations principales au niveau du contrôle de la cicatrisation du tissu pulmonaire dans le cas des fibroses prolifératives. Il s'agit de mécanismes exagérés de croissance accompagnés d'une perte durable de différenciation cellulaire. Dix-neuf marqueurs d'ARN messager ont permis de différencier les échantillons pulmonaires d'individus normaux de ceux provenant de patients atteints de fibrose pulmonaire. Les chercheurs ont développé et validé un essai de méthylation de l'ADN capable de prédire précisément dans 93 % des cas une pneumonie idiopathique interstitielle ou une fibrose pulmonaire à partir d'un sérum extracellulaire d'ADN. Ils ont par ailleurs identifié plusieurs composés biologiques et chimiques particulièrement prometteurs pour le développement de nouveaux médicaments capables d'atténuer les symptômes de la fibrose pulmonaire. De manière tout à fait intéressante, certains d'entre eux sont actuellement testés dans d'autres essais cliniques pour le traitement de la fibrose pulmonaire. Les chercheurs ont développé des systèmes d'essais dont certains modèles murins transgéniques ainsi que des lignées de cellules souches à pluripotence induite (Hips) patient spécifiques. Ils ont également développé de nouveaux outils d'analyse de l'expression génétique, de séquençage et de nouveaux modèles pulmonaires. Au total, ces outils seront d'une aide précieuse pour évaluer l'efficacité des traitements contre la cicatrisation fibroproliférative. Ces travaux ouvrent la voie à d'autres recherches et au développement de médicaments qui permettront de vieillir en meilleure santé en profitant d'une meilleure qualité de vie.
Mots‑clés
Vieillissement, non régénératif, cicatrisation, inflammation, fibroproliférative, cicatrice, fibrose pulmonaire, biologie des systèmes, phénotypique, marqueur, test