Détection non invasive des perturbateurs endocriniens chez le poisson
Le projet EASYRING a élaboré de nouvelles méthodes de détection des biomarqueurs caractérisant les perturbateurs endocriniens dans la peau des organismes aquatiques. Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques synthétiques pouvant interférer avec le système hormonal d'un organisme et altérer le développement normal de ses organes vitaux. Les partenaires du projet du conseil national de recherche italien ont mis au point un essai sur bandelettes réactives (biopuces) permettant la détection rapide de la vitellogénine (Vtg, un marqueur biologique endocrinien) dans le mucus de la peau de la carpe. La production de vitellogénine est un processus qui dépend du taux d'œstrogènes et que l'on ne trouve normalement que chez les femelles adultes. Il est cependant possible de détecter ce composé chez les poissons mâles ou femelles ayant été exposés à des œstrogènes ou à des molécules capables d'imiter leurs fonctions. Comme on la trouve dans le mucus enrobant la peau des poissons ainsi que dans le plasma sanguin, la vitellogénine pourrait servir de marqueur biologique non destructif d'exposition aux œstrogènes. Le nouveau système a été testé sur des poissons de laboratoire, ainsi que sur des poissons pêchés sur sept sites différents de la vallée du Pô. Les chercheurs ont montré que les carpes provenant du fleuve présentaient différents niveaux de contamination. Le prototype de bandelettes réactives est simple et rapide à utiliser car il indique la présence de Vtg par l'apparition d'une simple bande colorée. Les scientifiques du projet EASYRING ont ensuite comparé ces résultats obtenus au niveau du mucus de la peau avec les taux de Vtg obtenus par test ELISA (dosage d'immunosorption liée à l'enzyme) sur des échantillons de plasma sanguin provenant des mêmes poissons. Les résultats montraient une corrélation positive pour la plupart des groupes d'échantillons de poissons provenant du fleuve Pô ainsi que pour les groupes exposés au tamoxifène mais pas pour tous les échantillons. L'absence de corrélation entre les taux de Vtg plasmatique et ceux du mucus indique une différence de vitesse de métabolisation de la vitellogénine entre les deux échantillons. Il convient donc d'être prudent lors des analyses sur bandelettes réactives. Les propriétés anti-œstrogéniques du tamoxifène peuvent influencer la métabolisation de la vitellogénine et être ainsi responsables de la différence observée entre les taux de Vtg plasmatique et les taux de Vgt du mucus. Ce problème peut être résolu en prenant sur place un échantillon sanguin pour une analyse par immuno-essai à débit latéral (LFIA, de l'anglais lateral flow immunoassay).
