Rendre l’orbite terrestre basse plus sûre
L’orbite terrestre basse est de plus en plus encombrée, et la tendance devrait se poursuivre. Selon les projections, elle comptera 40 000 satellites d’ici 2030. Pour mettre les choses en perspective, ce chiffre s’élève aujourd’hui à 9 000. Ces débris générés par nos activités rendent l’espace en orbite basse de plus en plus difficile à parcourir. Les débris spatiaux résultent de nombreuses activités telles que les lancements de satellites, les explosions en orbite et les missions. À titre d’exemple, en novembre 2021, la Russie a testé un missile antisatellite à ascension directe qui a frappé un satellite russe, COSMOS 1408, et créé plus de 1 800 fragments de débris. «L’aspect le plus préoccupant est la création d’un cycle sans fin de débris: une collision augmentant le risque d’une autre collision. Cette dangereuse réaction en chaîne est connue sous le nom de syndrome de Kessler. Nous pouvons la comparer à un effet boule de neige qui s’aggrave, menaçant les satellites et les futures missions spatiales», explique Anthony Caron, gestionnaire du projet CASSIOPEE. Les débris peuvent se déplacer à une vitesse pouvant atteindre 15 km par seconde, de sorte que même de petites particules peuvent transmettre une quantité importante d’énergie cinétique, provoquant des ruptures et des dommages structurels. Le projet CASSIOPEE, hébergé par Aldoria, en France, a développé de nouveaux moyens de rendre l’espace plus sûr et plus durable grâce à la création d’un nouveau système de surveillance et d’alerte.
Balayage par télescope synchronisé sur quatre continents
CASSIOPEE a mis au point six stations optiques reposant sur des télescopes et réparties sur quatre continents, entièrement passives et furtives, et qui ont un impact minimal sur l’environnement. La technologie comprend deux stations multi-télescopes, chacune équipée de quatre télescopes à grand champ qui sont synchronisés pour balayer le ciel et identifier les objets. Les observations sont ensuite traitées en temps réel. L’analyse renvoie des données astrométriques et photométriques qui sont ensuite examinées et fusionnées avec d’autres sources de données. De puissants algorithmes garantissent des trajectoires fiables et précises. Les entreprises qui s’inscrivent à ce service peuvent ainsi obtenir des informations sur la position, la vitesse, la prédiction de la trajectoire et l’axe de rotation de l’objet suivi. «Nous pouvons leur fournir les informations dont elles ont besoin pour optimiser l’exploitation de leurs charges utiles et, en les aidant à planifier la trajectoire optimale, les opérateurs peuvent augmenter la durée de vie de leur satellite», note Anthony Caron. Le projet a également développé quatre stations à télescope unique, essentiellement destinées à tester et mener des recherches avancées sur des objets dont la trajectoire est connue et qui nécessitent des données actualisées. L’Union européenne soutient la recherche pour la conception et la construction de télescopes de plus en plus puissants.
Des solutions européennes aux défis de l’espace en orbite basse
Selon Anthony Caron, le fait que le service soit proposé par une entreprise basée dans l’UE est un facteur important. «Dans le climat géopolitique actuel, l’Europe doit disposer de ses propres capacités pour surveiller l’activité spatiale et protéger ses intérêts. En offrant une solution centrée sur l’Europe, les solutions d’Aldoria garantissent que les opérateurs spatiaux européens disposent des outils dont ils ont besoin pour protéger leurs actifs de manière indépendante, soutenant ainsi le leadership de l’Europe.» Le financement du programme Horizon Europe, par le biais du projet CASSIOPEE, a aidé Aldoria à concevoir une station d’observation multi-télescopes en Espagne. «Nous avons résolu les problèmes électroniques, développé toute l’infrastructure informatique pour collecter les données, et les programmes pour contrôler les quatre télescopes en même temps», ajoute Anthony Caron. Le projet a également mis au point des modules de correction, d’identification et d’association d’objets spatiaux avec les données observées, la détermination d’orbite et la proposition de scénarios. Anthony Caron est fier des différentes réalisations du projet: «Parallèlement au développement de notre réseau de télescopes et de toutes les solutions logicielles que nous avons mises au point, nous avons également perfectionné notre interface de programmation d’application (API). Il est inutile de collecter des données aussi sophistiquées si nos clients ne peuvent pas y accéder facilement.»
Mots‑clés
CASSIOPEE, Horizon Europe, espace en orbite basse, collision, balayage par télescope synchronisé, astrométrique, données photométriques