Explorer plus avant la douleur de l’endométriose
Une nouvelle étude mondiale a mis en évidence un lien génétique entre l’endométriose et une série d’autres types de douleurs chroniques. Soutenue par les projets FEMaLe, ERIN et TRENDO, financés par l’Union européenne, il s’agit de la plus vaste étude menée à ce jour sur les bases génétiques de l’endométriose, fruit de la collaboration de 25 équipes à travers le monde.
Un problème de santé majeur
L’endométriose — une maladie qui provoque la croissance à l’extérieur de l’utérus d’un tissu semblable à la muqueuse utérine — est associée à des douleurs intenses, à une grande fatigue et parfois même à la dépression, à l’anxiété et à l’infertilité. Bien que cette maladie touche environ 190 millions de jeunes filles et de femmes en âge de procréer dans le monde, les chercheurs en savent actuellement très peu sur ses causes. Pour mieux comprendre les fondements génétiques de la maladie, l’équipe de recherche a décidé de comparer les codes ADN de femmes atteintes ou non d’endométriose. «L’endométriose est désormais reconnue comme un problème de santé majeur qui affecte la vie des femmes», fait remarquer la professeure Krina Zondervan, co-auteure de l’étude et partenaire du projet FEMaLe à l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), dans un article publié sur le site web de l’université. «Cette étude a impliqué l’analyse de l’ADN de plus de 60 000 femmes atteintes d’endométriose dans le monde entier, dans le cadre d’une collaboration sans précédent entre 25 groupes universitaires et industriels qui ont fourni leurs données et leur temps.» L’ADN des femmes atteintes de la maladie a été comparé à celui de plus de 700 000 témoins. L’étude mondiale a révélé 42 zones du génome comportant des variantes qui augmentent le risque d’endométriose. Les chercheurs ont relié ces variantes aux profils des molécules présentes dans l’endomètre et le sang et ont pu identifier un certain nombre de gènes exprimés différemment dans ces tissus, susceptibles de jouer un rôle dans le développement de la maladie. Certaines variantes génétiques se sont avérées avoir un lien plus étroit avec l’endométriose kystique ovarienne qu’avec la maladie superficielle répandue dans le bassin. La recherche a également révélé que ces gènes affectent la perception et le maintien de la douleur. Concrètement, l’équipe a trouvé des corrélations génétiques notables entre l’endométriose et 11 types de douleur, telles que la migraine, le mal de dos et la douleur chronique multisite, et entre l’endométriose et les affections inflammatoires telles que l’asthme et l’ostéoarthrite. «Ces différentes séries de données sur les femmes atteintes ou non d’endométriose, dont certaines étaient détaillées comme jamais auparavant concernant les résultats chirurgicaux et l’expérience de la douleur recueillis à l’aide de critères normalisés, nous ont permis de générer un trésor d’informations inédites sur les sous-types d’endométriose d’origine génétique et l’expérience de la douleur», déclare le premier auteur de l’étude, le Dr Nilufer Rahmioglu, également de l’Université d’Oxford. Les résultats de la recherche soutenue par FEMaLe (Finding Endometriosis using Machine Learning), ERIN (Ethically Responsible INnovations in reproductive medicine) et TRENDO (Translational Research on Endometriosis) pourraient déboucher sur de nouveaux traitements non hormonaux axés sur la douleur et ciblant les sous-types d’endométriose. Krina Zondervan évoque l’étude en ces termes: «Elle a permis d’acquérir une foule de nouvelles connaissances sur la génétique sous-jacente à l’endométriose, qui aideront la communauté des chercheurs à mettre au point de nouveaux traitements et peut-être de nouvelles méthodes de diagnostic de la maladie, dont bénéficieront des millions de femmes dans le monde entier.» Pour plus d’informations, veuillez consulter: site web du projet FEMaLe site web du projet ERIN
Mots‑clés
FEMaLe, ERIN, TRENDO, endométriose, douleur, femme, femelle, maladie, gène, ADN