Une technologie révolutionnaire de petits lanceurs de satellites offre un accès peu coûteux à l’espace
Grâce aux progrès accomplis dans la miniaturisation des satellites et les technologies électroniques, l’exploitation des ressources spatiales pour l’observation de la Terre, les télécommunications et les objets connectés à Internet devient de plus en plus populaire. Ces développements mettent l’espace à la portée d’un large éventail de sociétés privées, et il n’est plus le domaine privé d’une poignée de gouvernements disposant de programmes spatiaux bien financés. Les microlanceurs – une alternative au lancement de petits satellites Les microsatellites sont généralement mis sur orbite sous forme de charges utiles superposées sur des lanceurs plus gros, mais les longues périodes d’attente et les coûts associés au lancement constituent un problème de taille. Des entreprises proposent des services de transport partagé capables d’envoyer simultanément plusieurs petits satellites dans l’espace afin de réduire les coûts de lancement. Les microlanceurs offrent une alternative aux fusées classiques et ne sont pas inconnus des opérateurs de satellites. En dépit de certains progrès dans ce secteur, des coûts de lancement relativement plus élevés par kilogramme de charge utile et une technologie immature ont empêché le développement de microlanceurs robustes et rentables. Conscient de ces défis, le projet Pangea Aerospace, financé par l’UE, a jeté les bases du développement de petits engins fiables et économiques, capables de lancer jusqu’à 150 kg de charge utile sur des orbites terrestres basses. «Notre mission principale a consisté à développer de nouvelles technologies pour les microlanceurs de nouvelle génération qui réduisent les coûts d’accès à l’espace», explique Luis Bellafont, directeur financier de la start-up Pangea Aerospace, basée à Barcelone. Un nouveau souffle pour les moteurs à pointe émergente De quelle façon les technologies de Pangea Aerospace dépassent-elles les techniques de pointe actuelles? Bien qu’elles présentent plusieurs avantages par rapport aux tuyères classiques en forme de cloche, les tuyères à pointe émergente (ou tuyères «aerospike») n’ont jamais volé, principalement en raison de difficultés techniques et de coûts de fabrication élevés. Ce statu quo est en train de changer grâce à l’approche adoptée par Pangea Aerospace en matière de conception de moteurs, basée sur la technologie de la fabrication additive. Le moteur à pointe émergente, capable de s’adapter à la pression ambiante lors de l’ascension, augmente l’efficacité de 15 % par rapport aux tuyères de moteur en forme de cloche. L’utilisation de composants imprimés en 3D à base d’alliages de cuivre est un autre élément qui rend ce moteur à pointe émergente attrayant. «Grâce à la fabrication additive, il est désormais possible de produire ce type de moteur. De plus, le nombre de pièces et d’étapes de traitement nécessaires est nettement réduit, ce qui réduit également les coûts de production et les erreurs humaines au cours de la fabrication», note M. Bellafont. La minimisation de l’impact environnemental des lancements a été un point essentiel pris en compte lors de la conception de la fusée. Le moteur de ce microlanceur compact, léger et à faible empreinte carbone fonctionne au méthane et à l’oxygène liquides, la combustion de ce propergol étant propre par rapport à d’autres carburants hautement toxiques et hypergoliques. Les fusées réutilisables – une passerelle vers un accès bon marché à l’espace Pangea Aerospace a repensé le processus traditionnel de conception des fusées pour inclure, dès le départ, la possibilité de réutiliser le premier étage du lanceur. «Récupérer le premier étage d’une fusée alors que la plupart d’entre elles sont conçues comme des articles à usage unique permet de réduire les coûts de fabrication de nouveaux moteurs et de réduire considérablement les ressources requises. La conception des moteurs représente plus de 50 % du total des coûts de production des fusées», déclare M. Bellafont. Le brevet du nouveau système de récupération et d’atterrissage du premier étage est en cours d’homologation. «Maintenant que l’accès à l’espace est en train de se démocratiser et que plusieurs sociétés privées arrivent sur le marché, il est crucial de se concentrer sur le développement de technologies aussi viables que possible sur le plan commercial. S’il est vrai que plusieurs acteurs ont pu entrer sur le marché des microlanceurs avant Pangea Aerospace, les concepts innovants que nous mettons en œuvre pour développer des technologies de microlanceurs rentables nous permettront de garder une longueur d’avance», conclut M. Bellafont.
Mots‑clés
Pangea Aerospace, microlanceur, fusée, petits satellites, premier étage, orbite terrestre basse, fabrication additive, réutilisable