Une nouvelle stratégie nécessaire pour empêcher la récurrence de la tuberculose chez les patients plus démunis
L'approche habituelle pour le traitement de seconde ligne de la tuberculose (TB) dans les foyers à revenus faibles ou moyens ne porterait pas ses fruits, selon une nouvelle étude. Dans une étude publiée dans la revue PLos Medicine, des scientifiques appellent à un accès amélioré aux diagnostics rapides pour la TB résistante aux médicaments, les traitements de TB de seconde ligne et la thérapie contre le VIH (virus de l'immunodéficience humaine). Ils ont fait remarquer que chaque année, entre 1 patient sur 10 et 1 patient sur 5 traités contre la TB connaît une récurrence de la maladie après un traitement échoué, interrompu ou une rechute. Les patients connaissant une rechute subissent un régime de huit mois composé de cinq médicaments, comme le recommande l'OMS (Organisation mondiale de la santé). Bien que ce second traitement ait été utilisé depuis trente ans, son efficacité n'a jamais été proprement évaluée dans des essais cliniques ou études similaires, et il a été conçu avant la dissémination de la TB multi-résistante (TB-MR). Ces dernières années, il est devenu évident qu'un second régime de traitement n'offre que de timides résultats positifs, notamment chez les personnes atteintes du VIH ou de la TB-MR. Le but de l'étude, menée par des chercheurs en Afrique du Sud, en Ouganda et aux États-Unis, était d'étudier le traitement et les résultats de survie chez les patients ayant déjà été traités contre la TB dans le passé et d'identifier les facteurs associés à de mauvais résultats de traitement. Les résultats mettent en évidence le besoin de stratégies plus efficaces pour traiter les personnes atteintes de TB récurrente. «Notre étude suggère que la thérapie recommandée pour le retraitement de la TB ne porte pas ses fruits pour un patient sur quatre atteint de TB récurrente dans les pays en développement», explique le Dr Edward Jones-López, premier auteur de l'étude et professeur-assistant de médecine à la Boston University School of Medicine aux États-Unis. Il insiste que «ce taux est beaucoup trop élevé» et qu'il est «essentiel que nous comprenions la raison de ce phénomène et que nous nous attaquions à cette inégalité sanitaire importante». Une étude menée à Kampala, en Ouganda, sur 140 patients atteints du VIH et 148 patients sains a démontré que le régime de second traitement de la TB était inefficace pour un nombre important de patients; 20% des patients sains et 26% des patients atteints du VIH n'ont aucune amélioration (selon l'équipe, pour que le traitement soit réussi, il convient que le patient soit totalement guéri et que le traitement soit totalement administré). Tous les patients atteints de TB-MR ont obtenu de mauvais résultats. Près d'un quart des patients sont décédés par la suite, tandis que six pour cent ont vu une récurrence de la maladie, la plupart étant les patients atteints du VIH. Les chercheurs pensent qu'un nombre de raisons sont à imputer à ces résultats, dont notamment une mauvaise adhérence au régime médicamenteux et la présence de formes de TB résistantes, dont la TB-MR, certains des cas n'ayant pas été diagnostiqués. Chez les patients séropositifs, un décompte des CD4 bas (indicateur du faible état de santé du système immunitaire) et un accès insuffisant aux traitements rétroviraux représentaient d'importants facteurs de risque. D'autres facteurs associés aux mauvais résultats de traitement étaient l'âge et la durée des symptômes de la TB. «Les résultats de cette étude prospective démontrent que l'approche habituelle de seconde ligne de la TB, telle qu'elle est appliquée dans les environnements de revenus faibles à modérés, est inadéquate», concluent les chercheurs. «Les tests cliniques des nouvelles approches pour le traitement de seconde ligne de la TB dans les régions fortement touchées par le VIH et la TB devraient constituer une priorité. Nos résultats indiquent l'importance d'une nouvelle stratégie effective pour la gestion de la TB [résistante aux médicaments] dans les environnements de revenus faibles à modérés avec une prévalence de l'infection au VIH». Les résultats impliquent que les traitements devraient être adaptés en fonction de la séropositivité au VIH du patient. Pour les personnes atteintes, l'accès à un diagnostic rapide, ainsi qu'à des médicaments de seconde ligne améliorés et à un traitement antirétroviral apporterait de meilleurs résultats. L'étude a également renforcé le besoin d'une DOT (de l'anglais, directly observed treatment) pour les patients atteints de TB. Cette stratégie le diagnostic de la TB et de l'inscription des patients dépistés, est suivie d'un traitement standard de multi-résistance, d'une évaluation individuelle et d'une évaluation de cohorte pour surveiller les performances générales du programme. «Il est temps que nous améliorions notre gestion de la maladie de la TB et en particulier que nous envisagions comment la co-infection au VIH devrait modifier les traitements contre la maladie», commente le Dr Alphonse Okwera de l'université Makerere de Kampala, l'un des auteurs de l'étude. «Les vies de centaines de milliers de personnes dans des environnements pauvres sont menacées, ainsi ce changement est plus que nécessaire».Pour de plus amples informations, consulter: Fondation Wellcome Trust: http://www.wellcome.ac.uk Boston University School of Medicine: http://www.bumc.bu.edu/ L'article paru dans PLmS Medicine: http://www.plosmedicine.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pmed.1000427
Pays
Ouganda, Royaume-Uni, États-Unis, Afrique du Sud