Des scientifiques découvrent une variante génétique associée à la manualité et à la dyslexie
Une nouvelle cartographie génétique des enfants atteints de dyslexie révèle un rapport entre la manualité (ou prévalence manuelle) et les troubles associés au langage, soutenant ainsi un problème communément discuté. Des scientifiques britanniques ont découvert une variante du gène PCSK6, gène associé à la manualité chez les enfants souffrant de dyslexie. Présentée dans la revue Human Molecular Genetics, l'étude était en partie financée par le projet NEURODYS («Dyslexia genes and neurobiological pathways»), à hauteur de 3 millions d'euros au titre du domaine thématique «Sciences de la vie, génomique et biotechnologie pour la santé» du sixième programme-cadre (6e PC) pour l'étude de la base biologique de la dyslexie. La droiterie manuelle est beaucoup plus répandue que la gaucherie. Les experts expliquent cette prévalence par le fait que l'hémisphère gauche de notre cerveau contrôle le côté droit du corps, et vice versa, ainsi l'hémisphère gauche cérébral contrôle nos fonctions motrices. Le lobe gauche est également prédominant dans la fonction du langage. Des études antérieures ont démontré que les personnes affectées par des lésions au niveau de certaines régions dans le lobe gauche du cerveau ont des troubles du langage. «Cette étude offre les premières preuves génétiques entre la manualité, l'asymétrie cérébrale et l'aptitude à la lecture», explique le responsable de l'étude, le professeur Tony Monaco du Wellcome Trust Centre for Human Genetics de l'université d'Oxford, au Royaume-Uni, l'un des auteurs de l'étude. «Malgré la fonction biologique connue de PCSK6, il s'agit de la première étude sur l'implication de ce gène dans la manualité. Le fait que cette association soit évidente chez les personnes souffrant de dyslexie apporte une information intéressante pour comprendre s'il existe réellement un lien entre la manualité et les troubles du langage.» Jusqu'à présent, de nombreux chercheurs ont théorisé sur le biais de population relatif à la droiterie qui a émergé en raison de l'évolution du langage, suggérant un lien entre la préférence manuelle et les déficits de développement de langage tels que la dysphasie et l'autisme. Cette dernière étude a découvert un rapport concret entre une variante génétique du gène PSCK6 et les compétences manuelles chez les enfants présentant des difficultés de lecture. Se basant sur 192 individus non apparentés présentant des difficultés de lecture, les scientifiques ont découvert que les porteurs de la nouvelle variante de PCSK6 présentaient une préférence manuelle pour la main droite comparés aux sujets non porteurs de la variante. Les chercheurs ont reconnu que la protéine produite par le gène PCSK6 interagit avec la protéine NODAL, qui permet d'établir la symétrie gauche-droite dans les premières étapes du développement embryonnaire. La variante génétique de PCSK6, expliquent les chercheurs, pourrait contribuer à la structuration préliminaire gauche-droite de l'embryon qui, à son tour, influencerait le développement cérébral asymétrique, et par conséquent, la manualité. «Nos proches parents, les grands singes, ne possèdent pas ce biais pour la droiterie que l'on retrouve chez les hommes», fait remarquer William Brandler, un chercheur du Wellcome Trust Centre for Human Genetics et l'un des auteurs de l'étude. «Ainsi, comprendre le fondement génétique de la manualité nous permettrait d'en comprendre davantage sur notre évolution.» Les résultats de cette étude pourraient être utilisés pour de futures recherches concernant la biologie de troubles associés au langage et et le fait de savoir si la manualité et le langage ont évolué ensemble.
Pays
Royaume-Uni