Un nouveau livre blanc affirme que l'Europe a besoin d'une stratégie globale en matière de données
Les scientifiques européens s'appuient sur une quantité toujours croissante de données provenant de sources diverses, et souvent de référentiels situés dans toute l'Europe. Elles ne servent pas seulement à vérifier des hypothèses, mais encore à soutenir de nouvelles hypothèses, une recherche originale ou l'inspiration spontanée. Par conséquent, et afin de s'assurer que la recherche en Europe ne prenne pas de retard sur la scène internationale, il convient de mettre en place une stratégie cohérente pour ces données. L'absence d'une telle stratégie nuirait sérieusement à la compétitivité et à l'efficacité de la recherche européenne, comme le souligne le nouveau livre blanc intitulé «Strategy for a European Data Infrastructure» du consortium PARADE («Partnership for Advanced Data in Europe»), dont les membres représentent 23 organismes de recherche et d'informatique d'Europe. Dans ce document, le consortium PARADE souligne que de très nombreuses données scientifiques sont conservées dans des référentiels isolés, voire sur des ordinateurs individuels, ce qui contrarie leur accès par d'autres scientifiques ou organismes de recherche. «On peut comparer ces données à de l'argent, qui n'a de valeur que s'il est mis en circulation et utilisé», déclarent les auteurs du livre blanc. «Et tout comme les diverses devises peuvent être conservées par des infrastructures bancaires qui sont en relation à l'échelle mondiale, nous avons besoin d'infrastructures de données permanentes, à haute disponibilité et capables de conserver et de proposer des informations concernant diverses disciplines.» Plusieurs nouvelles infrastructures de recherche sont en préparation en Europe, suite à la feuille de route du Forum stratégique européen pour les infrastructures de recherche (ESFRI), publiée en automne 2006 et mise à jour en décembre 2008. Le rapport souligne qu'entre 150 et 200 infrastructures de recherche de diverses tailles sont actuellement actives en Europe. Le livre blanc explique cependant que ces référentiels sont souvent limités au niveau géographique ou réservés à certaines disciplines. Il suggère de les remplacer par une infrastructure physique durable, parfaitement intégrée et d'envergure européenne. Cette infrastructure gérerait les meilleures pratiques et proposerait des outils communs pour desservir de nombreuses communautés d'utilisateurs. À terme, l'utilisation de sites et de services de données compatibles pourrait contribuer notablement à concrétiser le potentiel de recherche de l'Europe. «Les services de données à grande échelle sont associés à des problèmes d'importance mondiale», soulignent les auteurs. «Les États-Unis et le Japon ont bien compris l'importance des infrastructures de services de données et ont lancé de nombreuses initiatives gouvernementales. La collaboration mondiale au niveau des infrastructures de recherche, par exemple en physique des particules ou en radioastronomie, s'appuie sur le partage des données entre des chercheurs de plusieurs pays.» Le document propose également une structure de gouvernance pour assurer une étroite collaboration entre communautés d'utilisateurs, fournisseurs de services de données et agences de financement. Il souligne que la mise en relation des divers acteurs améliorerait la collaboration ainsi que la synergie entre les services apportés. Elle conduirait également à renforcer leur confiance mutuelle, un point important pour PARADE. Le livre blanc conclut qu'en répondant à la demande envers des services de données pluridisciplinaires, l'Europe se doterait d'une infrastructure suffisamment souple pour satisfaire les besoins et les exigences futures.