Prévention des maladies cardio-vasculaires: les politiques nationales diffèrent largement au sein de l'UE
Le projet EuroHeart, financé en partie dans le cadre du programme Santé publique de l'UE, a présenté les résultats d'une étude de trois ans portant sur les mesures de promotion de la santé cardiaque et de prévention des maladies cardio-vasculaires (MCV) dans plusieurs pays d'Europe. Ils révèlent des différences considérables, tant au niveau des politiques nationales de prévention que de la mortalité induite par les maladies cardio-vasculaires. Les MCV sont la principale cause de décès et d'invalidité en Europe. Pourtant, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une réduction modeste de la tension, de l'obésité et de la consommation de tabac réduirait de moitié l'impact des MCV. Le projet EuroHeart («Mapping and analysis of national plans, policies and measures impacting on cardiovascular health promotion and CVD prevention across Europe») a été lancé en 2007 par l'European Heart Network et la Société européenne de cardiologie, pour déterminer les domaines où une intervention serait la plus efficace afin d'éviter les décès et les handicaps qui peuvent l'être. Lors de la plus récente étude du projet, les chercheurs ont recueilli dans 16 pays d'Europe des informations complètes sur les politiques, les plans et les mesures qui ont un effet sur la promotion de la santé cardio-vasculaire et la prévention des MCV. Les données ont été collectées à l'aide de questionnaires structurés, et ont aidé les partenaires à déterminer les différences et les carences en matière de politiques et d'actions, ainsi que les éléments essentiels des stratégies nationales. L'un des principaux résultats est que même si les maladies cardiaques restent la principale cause de décès en Europe, le taux de mortalité diminue dans la plupart des pays. Cependant, les chercheurs ont découvert des différences importantes entre les pays, pour le taux de mortalité dû aux MCV comme pour les programmes nationaux de prévention. L'Estonie, la Grèce, la Hongrie et la Slovaquie enregistrent les taux de mortalité les plus élevés par maladies coronariennes chez les hommes et les femmes de moins de 65 ans. Les taux les plus faibles ont été enregistrés en France, en Italie, aux Pays-Bas et en Norvège pour les hommes de moins de 65 ans, et en Islande, en France, en Italie et en Slovénie pour les femmes de la même tranche d'âge. L'étude a également calculé l'importance des facteurs de risque, comme le tabagisme, et conclu que les pays où les facteurs sont les plus élevés ont également un taux élevé de maladies coronariennes. Ainsi, les taux les plus élevés de tabagisme ont été constatés en Grèce (46%), en Estonie (42%), en Slovaquie (41%), en Allemagne (37%) et en Hongrie (37%). L'impact des maladies coronariennes sur le nombre de décès prématurés s'est révélé notablement différent d'un pays à l'autre. Par exemple, le taux a diminué de 76% en Finlande entre 1972 et 2005, alors qu'il a augmenté de 11% en Grèce au cours de la même période. Tous les pays étudiés ont une législation visant la santé publique, le tabagisme et l'alimentation. Cependant, alors que la Belgique, l'Estonie, la France, l'Italie, la Slovénie, la Finlande et l'Islande disposent de plusieurs politiques pour promouvoir la santé cardio-vasculaire et qui traitent des maladies coronariennes, de l'hypertension, des accidents vasculaires cérébraux et de l'hyperlipidémie, la Grèce n'en a qu'une. Le Danemark et la Grèce n'ont pas de directives nationales pour le contexte plus large des MCV, et tous les autres pays ont des directives nationales visant la prévention de l'hyperlipidémie, du diabète et des accidents vasculaires cérébraux. La plupart des pays ont des directives portant sur l'obésité (à l'exception du Danemark, de la Grèce et de la Slovénie). L'Allemagne, la France et l'Irlande sont les seuls pays signalant avoir des recommandations pour les premiers soins d'urgence. «L'Europe plus large, au sens de région de l'OMS, présente des différences encore plus importantes entre ses 53 pays. Et ces différences se sont aggravées au cours des 20 dernières années», a déclaré Nata Menabde, directeur régional adjoint de l'OMS pour l'Europe. «Nous constatons ainsi que pour les hommes de moins de 65 ans, le taux de décès par maladies ischémiques varie d'un facteur 10. En revanche, certains pays ont réussi à mettre en place des politiques efficaces pour le réduire.» L'OMS/Europe et la Commission européenne collaborent avec tous les États membres pour renforcer les systèmes de santé en Europe et s'attaquer aux causes des MCV comme le tabac, l'obésité, l'alcool et le manque d'activité physique. Comme le fait remarquer Susanne Logstrup, directrice de l'European Heart Network, ces nouveaux résultats montrent que la plupart des pays ont agi au niveau législatif et disposent de mesures politiques en faveur de la santé publique et visant notamment les maladies coronariennes, le tabagisme, l'alimentation et l'activité physique. Elle ajoute que «ce n'est que dans environ la moitié des pays participant que des budgets sont alloués à la mise en oeuvre des politiques et des programmes». L'étude a révélé que les actions anti-tabac ont un impact notable sur l'incidence des maladies coronariennes. Par exemple, les autorités françaises annonçaient en février de l'an dernier une diminution de 15% des admissions en urgence pour attaque cardiaque, seulement un an après l'interdiction de fumer dans les lieux publics. En Italie et en Irlande, les chercheurs ont constaté une diminution d'environ 11% des accidents coronariens aigus depuis l'interdiction il y a quelques années. De même, l'interdiction en Écosse, qui est entrée en vigueur en mars 2006, s'est traduite en un an par une réduction de 17% du nombre d'hospitalisations pour attaque cardiaque. Le projet EuroHeart s'achèvera en mars 2010. Outre les activités précédemment citées de compilation et d'analyse, il vise à mobiliser des ressources pour promouvoir la santé cardio-vasculaire et prévenir les MCV, à étudier les problèmes de MCV chez la femme, à améliorer les pratiques de prévention au niveau des soins de santé primaires, et à mettre en oeuvre et adapter au niveau national les directives européennes sur la prévention des MCV.