Des outils interactifs stimulent la croissance de l’industrie aquacole de l’UE
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’aquaculture fournit la moitié du poisson destiné à la consommation humaine, la plus grande part de cette activité étant menée en Asie. Dans le même temps, la consommation de produits issus de la pêche augmente rapidement dans les pays en développement. Cette demande croissante en poissons et en fruits de mer met sérieusement en danger la sécurité alimentaire dans l’UE, ce qui appelle à une augmentation rapide de la capacité de production européenne. En outre, les stocks de poisson ne sont guère en mesure de supporter une augmentation des pêches de capture. L’écart entre la production et la consommation de produits aquatiques ne peut donc être comblé que par l’aquaculture. Si la production de l’UE doit augmenter, il faut consacrer plus d’espace à l’aquaculture. Le projet AquaSpace (Ecosystem approach to making space for aquaculture), financé par l’UE, a relevé ce défi en trouvant des moyens d’accroître le nombre de sites appropriés disponibles pour l’aquaculture dans les environnements marins et d’eau douce. Pour atteindre ses objectifs, AquaSpace a adopté une approche écosystémique de la planification spatiale des activités aquacoles dans le contexte des directives et des politiques de l’UE. «L’aquaculture européenne fournit des produits de bonne qualité et respecte des normes strictes en matière de durabilité environnementale, de santé animale et de protection des consommateurs», déclare le professeur Paul Tett, coordinateur du projet. «Malgré cela, la production aquacole de l’UE stagne, contrairement à la forte croissance enregistrée dans d’autres régions du monde.» Une boîte à outils pour surmonter les obstacles sociaux et environnementaux Le consortium a développé ou amélioré un certain nombre d’outils pour soutenir la planification spatiale des activités aquacoles. Certains de ces outils intègrent des informations écologiques, économiques et sociologiques sur l’adéquation environnementale de différents types d’aquaculture, les coûts économiques de la mise en place d’une ferme ainsi que divers problèmes de société et de réglementation. Les partenaires du projet ont testé les outils et exploré les contraintes spatiales au travers de 15 études de cas sur 17 sites, non seulement en Europe mais également en Australie, en Chine, en Nouvelle-Zélande et en Amérique du Nord. Il s’agissait d’étudier la culture de salmonidés, de perciformes, de carpes d’eau douce et de mollusques bivalves. Pour mieux comprendre les principaux facteurs limitant l’expansion de l’aquaculture, les chercheurs ont interrogé les parties prenantes de l’étude de cas sur les principaux obstacles à la croissance de l’aquaculture dans leurs localités. Des problèmes relatifs à l’espace, à la santé des poissons, à l’environnement et aux réglementations ont été signalés. Les parties prenantes ont également fait remarquer des difficultés liées à l’acceptation sociale de l’aquaculture, citant l’opposition de la communauté ainsi que les conflits avec le tourisme et la pêche en ce qui concerne un large éventail d’espèces et de méthodes de production différentes. Plus d’espaces aquacoles est synonyme de développement durable et de production accrue Les résultats font ressortir deux points de vue opposés sur la planification de l’espace maritime (PEM) relative à l’aquaculture. «La PEM est-elle un processus technique susceptible d’être mis en œuvre plus rapidement et efficacement grâce à des outils comme ceux développés dans le cadre d’AquaSpace?», demande le professeur Tett. «Ou la PEM appartient-elle à la gouvernance sociétale, avec des outils permettant d’informer et de responsabiliser les agences communautaires et – espérons-le – de mieux faire accepter l’expansion de l’aquaculture par la société?» Les membres du consortium ont également mis à profit l’expérience acquise au cours du projet AquaSpace à des fins éducatives. Ils ont mis au point de la documentation destinée à un module de niveau maîtrise et à un cours de formation professionnelle continue d’une durée de trois jours sur la planification et la gestion de l’utilisation de l’espace. «En identifiant et en développant des outils, en précisant les limitations et en fournissant des supports pédagogiques, AquaSpace devrait aider le secteur de l’aquaculture à se développer de manière durable et à négocier efficacement l’utilisation de l’espace grâce à la PEM», conclut le professeur Tett.
Mots‑clés
AquaSpace, aquaculture, poissons, planification de l’espace maritime (PEM), pêche