L’imagination est le moteur de la modélisation scientifique
Les recherches menées dans le cadre du projet SCIMOD entendaient produire de nouvelles connaissances sur la nature de la modélisation scientifique et du raisonnement fondé sur les modèles. «En particulier, le projet SCIMOD s’est concentré sur le changement de notre compréhension actuelle de la nature des modèles et de la façon dont nous pouvons en tirer des enseignements», explique la Dre Fiora Salis, boursière Marie Curie du projet. De l’imagination à la fiction en passant par la science et la réalité Les travaux comprenaient une étude rigoureuse de l’analogie entre les modèles et la fiction, en considérant cette dernière comme reposant dans une large mesure sur l’imagination. De plus, SCIMOD «a élaboré une nouvelle théorie des modèles en tant que fiction qui rejette l’équivoque récurrente dans la philosophie des sciences entre fiction et non-existence», explique la Dre Salis. S’intéressant au rôle crucial de l’imagination dans la caractérisation de la nature des modèles en tant que fiction, l’équipe a étudié les activités imaginaires qui marquent l’engagement cognitif des scientifiques avec les modèles. SCIMOD a également proposé une stratégie de défense pour contrer les critiques portées à l’encontre de la vision fictive des modèles. Approche et résultats pluridisciplinaires La recherche du projet a appliqué la méthodologie normative et descriptive de la philosophie analytique naturalisée des sciences. Cette approche repose, d’une part, sur l’utilisation d’exemples et d’études de cas, la construction de concepts et d’hypothèses et, d’autre part, sur la collecte et l’analyse d’exemples visant à créer une collection ciblée d’œuvres. La boursière Marie Curie a décrit en détail l’un des plus importants aspects du projet: «Les modèles scientifiques font appel à l’imagination propositionnelle, c’est-à-dire la capacité de formuler des hypothèses et d’envisager d’autres possibilités, d’utiliser des symboles et des représentations des choses.» Présentant les principaux résultats finaux du projet, la Dre Salis remarque: «Les modèles scientifiques s’apparentent aux fictions de la littérature et des arts dans la mesure où leur construction et développement dépendent essentiellement de l’imagination des scientifiques.» Autre constat, les scientifiques qui s’attellent à la construction et au développement de modèles font preuve d’un type d’imagination très particulier, à savoir l’imagination propositionnelle du genre du «faire semblant». Ce «faire semblant» est un type particulier de l’activité imaginative associant des accessoires qui balisent le contenu d’un modèle. Quant au rôle important de l’imagination, la Dre Salis explique en termes simples que «l’imagination contribue à la formulation d’hypothèses qui sont probablement vraies et qui peuvent être testées dans la réalité». Collaborer avec les scientifiques en faveur des scientifiques Les partenaires du projet SCIMOD se sont engagés et ont collaboré avec des collègues du monde de la philosophie et des sciences naturelles et sociales. Ce partenariat a élargi l’éventail des considérations qui interviennent dans l’étude et la prise de décisions sur des questions précises. Le projet a caractérisé d’autres produits, comme des exposés de conférences et d’autres activités d’engagement du public associant des publics spécialisés et non spécialisés en Argentine, en Europe et aux États-Unis. Les travaux ont donné lieu à diverses publications, notamment des chapitres de livres et des articles évalués par les pairs. Les connaissances diffusées dans ces documents sont utiles aux scientifiques, y compris à un plus grand nombre de chercheurs en sciences humaines et sociales. Consciente que certains pourraient s’opposer à l’analogie entre la fiction et les modèles, la Dre Salis précise que SCIMOD a défini la notion correcte de fiction à utiliser. C’est-à-dire, «une notion de fiction comme un scénario contrefactuel connu par tous comme étant en désaccord avec les faits réels mais qui peut néanmoins nous aider à nous concentrer sur des aspects importants de la réalité qui seraient autrement difficiles à saisir». La vision qui sous-tend ces travaux, qui transcende la finalité du projet, est d’ouvrir de nouveaux axes de recherche en introduisant une nouvelle perspective de l’esthétique dans la philosophie des sciences.
Mots‑clés
SCIMOD, fiction, imagination, philosophie des sciences, raisonnement fondé sur les modèles
