Un vaccin contre le paludisme placentaire
Le paludisme, causé par le parasite Plasmodium falciparum, est transmis aux humains par des moustiques femelles infectées. Les érythrocytes infectés dans les femmes enceintes peuvent se lier au placenta et provoquer un paludisme placentaire dans les pays à fort taux de transmission, l'incidence étant d'une femme enceinte sur quatre. Des données récentes ont permis d'identifier une protéine spécifique, la PfEMP1 (P. falciparum erythrocyte membrane protein 1), comme étant la protéine responsable de l'adhérence des érythrocytes infectés au placenta. Des anticorps protecteurs acquis de façon naturelle bloquent la liaison entre les globules rouges infectés et les récepteurs sur l'endothélium vasculaire. Cela indique clairement qu'un vaccin pourrait contribuer à prévenir la transmission et agir de façon protectrice en augmentant les immunoglobulines inhibitrices. Les scientifiques du projet PLACMALVAC, financé par l'UE, ont proposé de mettre au point un vaccin basé sur VAR2CSA contre le paludisme placentaire et de le faire passer du stade de la production à celui des essais cliniques. Leur stratégie reposait sur la liaison de VAR2CSA au sulfate de chondroïtine A (CSA) dans le placenta humain. Les chercheurs ont déterminé qu'une petite sous-unité de l'antigène VAR2CSA se lie spécifiquement au CSA et induit des anticorps bloquant l'interaction avec le tissu placentaire. Les résultats de l'essai de phase 1 ont montré que le vaccin était sûr et bien toléré chez des volontaires en bonne santé ayant été exposés au paludisme. Élément important, les anticorps induits contre cet antigène interféraient avec l'adhérence au CSA des érythrocytes infectés par P. falciparum. Pour surmonter les problèmes de faible immunogénicité associés aux vaccins à adjuvant, le consortium a également mis au point une particule similaire à un virus (VLP) pour la présentation des antigènes. Cette approche améliore aussi bien les réponses des anticorps primaires que celles de la mémoire immunitaire. Cette technologie VLP réduit également la dose vaccinale et le nombre d'immunisations, et pourrait s'avérer utile pour combattre d'autres maladies non infectieuses, comme le cancer. Le projet PLACMALVAC s'est penché sur un défi sanitaire mondial urgent, actuellement traité en utilisant des médicaments antipaludiques. Le vaccin VAR2CSA, qui est le premier vaccin ciblant la cyto-adhésion pathogène du parasite, devrait être utilisé parallèlement à la vaccination infantile pour assurer une protection complète contre le paludisme.
Mots‑clés
Paludisme placentaire, vaccin, VAR2CSA, PLACMALVAC, technologie VLP