La séquestration du carbone avec le biochar
Si l'on prend en compte les changements climatiques récents, nous aurons de plus en plus besoin de nouvelles stratégies susceptibles de transférer de grandes quantités de carbone de l'atmosphère au sol. La transformation de la biomasse végétale en biochar est potentiellement très intéressante de ce point de vue dans une stratégie globale de séquestration du carbone. Le projet EUROCHAR (Biochar for Carbon sequestration and large-scale removal of greenhouse gases (GHG) from the atmosphere), financé par l'UE, a justement été initié afin de tester la validité et l'efficacité de cette approche. Les partenaires du projet ont pu atteindre cet objectif en testant différentes méthodes de production de biochar, en menant différents essais sur le terrain et en modélisant l'impact d'une telle stratégie si elle était appliquée à l'échelle de la planète. Les chercheurs d'EUROCHAR ont testé deux méthodes différentes conduisant à la création de biochar: la gazéification ou carbonisation thermique (CT) et la carbonisation hydrothermique (CHT). Les partenaires ont ensuite analysé et testé ces différents biochar comme matériaux d'amendements du sol dans plusieurs champs à travers l'Europe. Les chercheurs ont pu observer des différences majeures dans la composition du biochar en fonction de la source végétale et de la méthode de transformation choisie. Les différents charbons à usage agricole obtenus à partir de la carbonisation thermique sont plus stables et présentent par exemple, un plus grand potentiel de séquestration que ceux obtenus par carbonisation hydrothermique. Aucun de ces biochars n'a révélé de toxicité pour les cultures et tous les composés chimiques dangereux étaient bien en-dessous des limites fixées par l'UE. Dans les champs, les biochars ont montré une bonne stabilité et les chercheurs ont pu observer une modification des populations microbiennes du sol sur différents sites. Les chercheurs ont également établi un modèle de l'impact à long terme de cette stratégie en Europe et montré qu'elle pouvait séquestrer en carbone, l'équivalent de 5 % des émissions générées par le transport dans l'Union européenne. Le biochar représente ainsi une stratégie de séquestration du carbone en Europe et dans le monde particulièrement prometteuse. Ces travaux auront ainsi un impact considérable sur les efforts de séquestration du carbone et par conséquent sur le changement climatique.
Mots‑clés
Biochar, séquestration du carbone, biomasse végétale, carbonisation thermique, carbonisation hydrothermique