Un traitement des douleurs de poitrine apporte de l'espoir aux personnes atteintes de maladies fongiques orphelines
Les maladies fongiques représentent un danger croissant pour la santé, surtout pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli à cause d'immunosuppresseurs ou de maladies comme le SIDA. Les recherches montrent que pour le petit nombre de moisissures qui sont des pathogènes de l'homme, la virulence semble avoir évolué indépendamment en plusieurs occasions. Le fait de mieux comprendre cette évolution pourrait conduire à des traitements plus efficaces. Le projet MITOFUN a cherché des traitements possibles en partant de l'hypothèse que la mitochondrie (un organite produisant de l'énergie) pourrait être un facteur clé de la virulence fongique chez l'animal hôte. Utiliser le système immunitaire de l'organisme Les chercheurs de MITOFUN ont associé la génétique, la biologie cellulaire et une imagerie haute résolution pour étudier Cryptococcus neoformans, une moisissure infestant les poumons et associée à la méningite et à l'encéphalite fongiques. Cryptococcus neoformans se cache dans les propres globules blancs du patient, ce qui rend son traitement très difficile. Dans le cadre du Drug Discovery de l'université de Birmingham au Royaume-Uni, les chercheurs de MITOFUN ont passé en revue 1 200 médicaments approuvés par la FDA et hors brevet, afin d'en trouver qui pourraient informer les globules blancs qu'ils sont infectés, et déclencher une réponse. Une deuxième analyse a réduit à un seul candidat les 19 composés prometteurs du catalogue Prestwick Chemical Library® de petites molécules approuvées par la FDA. Il s'agit du chlorhydrate de fendiline, doté de fortes propriétés anti-cryptococciques. Ce composé est utilisé pour soigner l'angine et les douleurs de poitrine. Les chercheurs estiment que pour survivre, le Cryptococcus perturbe la signalisation calcium dans les cellules du patient. Le chlorhydrate de fendiline annule cette perturbation, mettant en évidence l'infection et libérant la réaction immunitaire. L'espoir d'un nouveau traitement pour une maladie orpheline Les patients immunodéprimés sont tout spécialement sensibles aux infections de Cryptococcosis neoformans. Elles sont donc une cause majeure de décès des patients atteints du SIDA dans le monde, avec une estimation d'un million de cas de méningite cryptococcique par an. En Afrique subsaharienne, qui présente la fréquence maximale de décès par méningite cryptococcique chez les patients atteints du SIDA, la mortalité atteint 70 %. L'infection débute en général par l'inhalation de spores ou de moisissures desséchées, entraînant une infection pulmonaire qui peut atteindre le système nerveux central et causer la méningite. L'un des facteurs qui font que la lutte contre le Cryptococcosis est tellement difficile tient à son génome, bien plus proche de celui de l'homme que d'autres pathogènes comme les bactéries. Il est donc difficile de cibler une voie métabolique présente chez la moisissure mais pas chez l'homme, et les traitements affectant la moisissure risquent d'être dangereux pour la santé globale du patient. MITOFUN a proposé le chlorhydrate de fendiline, une substance active au niveau du blocage des canaux calcium, comme stratégie possible de conception d'une thérapie anti-cryptococcique. Les résultats ont été publiés dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents. Cependant et malgré la promesse de stimuler le système immunitaire pour lutter contre l'infection, la dose requise de chlorhydrate de fendiline est trop élevée pour qu'il soit à lui seul un traitement viable. Les résultats du projet ouvrent néanmoins des voies prometteuses pour d'autres recherches, en vue de contrer cette maladie orpheline. Pour plus d'informations, veuillez consulter: page du projet sur CORDIS
Pays
Royaume-Uni