En vedette - La réussite commerciale: connaître les règles et en tirer parti
S'il n'a jamais existé un seul «secret» en matière de réussite des entreprises, c'est probablement Socrate qu'il l'a révélé il y a 2500 ans: «Connais-toi toi-même». Pour assurer sa réussite et améliorer son avantage concurrentiel, chaque entreprise doit comprendre en détail «cette petite chose qui fait la différence», qu'il s'agisse de la façon dont les nouveaux produits ou services sont mis au point ou de la compilation et l'utilisation de l'avis des clients. Grâce à des logiciels puissants, les organisations peuvent traiter les données, analyser les processus commerciaux et documenter les réglementations que les collaborateurs doivent suivre pour respecter la législation, améliorer la satisfaction des clients et, de manière générale, assurer le bon fonctionnement de l'organisation. Les entreprises utilisent des systèmes de gestion des connaissances pour enregistrer toutes les règles qui régissent les tâches de leurs collaborateurs. Ces règles sont souvent si complexes que les individus ne pourraient pas réaliser leurs tâches correctement sans l'aide du système de gestion des connaissances. Mais la plupart des systèmes basés sur les connaissances actuellement déployés dans les organisations sont difficiles à configurer et à utiliser; il est difficile de maintenir les règles, de les ajuster et de les adapter à mesure que la législation évolue ou que l'entreprise s'adapte à la concurrence ou met au point de nouvelles méthodes de travail. Une tâche compliquée «À l'heure actuelle, le problème des systèmes basés sur les connaissances, c'est qu'ils sont codés par des experts de ces systèmes», explique Christian de Sainte Marie d'IBM, France. «Il peut être extrêmement compliqué d'identifier et de documenter les règles au départ; il faut ensuite écrire le code informatique permettant d'appliquer ces règles dans l'entreprise». «Les systèmes basés sur les connaissances sont difficiles à gérer et à maintenir car ils nécessitent l'expertise de statisticiens et d'analystes de données, de personnes impliquées dans l'exploitation et dans le contact avec les clients et de programmeurs informatiques techniques,» poursuit M. de Sainte Marie. «De nombreux intervenants sont impliqués, chacun ayant une spécialisation et des connaissances qui lui sont propres. M. de Sainte Marie coordonne le projet Ontorule («Ontologies meet business rules») financé par l'UE qui a été mis en place pour permettre aux experts en gestion d'entreprise de mieux s'approprier les règles, en les aidant à les capturer et à les appliquer dans l'ensemble de l'entreprise, sans devoir faire appel à l'expertise de programmeurs logiciels, par exemple, pour transformer les règles en code informatique. «L'idée du projet Ontorule est de séparer les connaissances et leur application», explique M. de Sainte Marie. «À l'heure actuelle, les experts en gestion d'entreprise, qui connaissent le mieux la façon dont fonctionne l'entreprise et les contraintes qui pèsent sur ses activités, doivent d'une certaine manière communiquer ces connaissances à des experts informatiques qui travaillent alors sur la façon dont ces règles sont exprimées dans des systèmes logiciels. Nous pensons qu'en utilisant un vocabulaire extrêmement bien défini avec des significations convenues, connues sous le nom d'ontologies, nous pouvons séparer les connaissances des règles, et la représentation des connaissances de leur mise en œuvre informatique. Le projet Ontorule permet d'aider les personnes concernées de l'organisation à gérer et maintenir des ontologies, des règles d'entreprises et des modèles de données séparément, sans avoir à se soucier de la manière de communiquer leur travail aux autres. Créer des règles… naturellement L'un des plus grands défis consiste à traduire les politiques, la législation, les analyses statistiques et la planification stratégique du conseil d'administration d'une entreprise, par exemple, en règles concrètes et non ambiguës. Les connaissances sont souvent exprimées dans des documents (textes juridiques, procès-verbaux des réunions du conseil d'administration, etc.) rédigés. Ontorule a appliqué la technologie du traitement du langage naturel pour aider les experts en gestion d'entreprise à formuler des ontologies et à exprimer des règles basées sur le contenu texte des documents. Le logiciel de traitement du langage naturel analyse les textes, y recherche des phrases clés, des constructions grammaticales et d'autres caractéristiques d'un document pour identifier des règles potentielles; l'expert en gestion d'entreprise peut ensuite choisir les règles appropriées parmi celles proposées et les affiner, en utilisant toujours le langage naturel, sans se soucier de la façon dont elles seront mises en œuvre dans le code. «Ce traitement du langage naturel nous permet de proposer des règles qui sont définies de manière suffisamment précise pour laisser peu ou pas d'interprétation au spécialiste chargé de les traduire en règles exécutables par un ordinateur. C'est un pas en avant, même si l'automatisation complète de l'extraction des règles à partir du langage naturel n'est encore pas pour demain», fait remarquer M. de Sainte Marie. L'ontologie Ontorule pour les connaissances commerciales rassemble des connaissances abstraites sur les entreprises et des règles d'exploitation concrètes dans un seul domaine. Les experts chargés de la mise en œuvre des règles, de la stratégie commerciales et de la conformité peuvent travailler efficacement à partir de la même banque de connaissances, car une ontologie organise les connaissances de manière très structurée et non ambiguë. La plateforme Ontorule utilise la norme SBVR («Semantics of business vocabulary and business rules»), internationalement reconnue pour la formalisation de haut niveau du vocabulaire et des règles d'entreprise. Elle est proche du langage naturel (ce qui permet aux experts des connaissances d'entreprise de la comprendre), mais elle s'approche aussi du langage OWL («Web ontology language») qui est compris par les experts chargés de la formulation et de la mise en œuvre des règles d'entreprise. D'après M. de Sainte Marie, «Ontorule exploite le format SBVR qui part de la description en langage naturel d'une activité commerciale et son impact sur la version hautement structurée et définie de cette description dans une ontologie. Cette ontologie permet de développer par la suite des règles d'entreprise spécifiques et utilisables». Des règles pratiques La technologie et la méthodologie du projet Ontorule ont été testées avec deux prototypes de systèmes: l'un dans le service de conception d'Audi en Allemagne et l'autre dans une usine de galvanisation de l'acier appartenant à ArcelorMittal. ArcelorMittal utilise un logiciel spécialisé pour analyser la qualité de ses bobines d'acier galvanisé et déterminer les bobines qui peuvent être expédiées chez des clients spécifiques et celles qui doivent être réparées ou recyclées. Le système Ontorule permettra de capturer toutes les règles inhérentes à ce processus, non seulement celles qui sont programmées dans le système spécialisé, mais aussi l'ensemble des autres contraintes, politiques et contextes ayant une influence sur la décision d'expédition finale. Une fois que les règles ont été capturées, elles peuvent être mises en œuvre et adaptées par d'autres usines d'ArcelorMittal en Europe. Peter Rosina a contribué aux essais du système Ontorule dans le service de R&D d'Audi. «Nous utilisons les ontologies et les règles d'administration pour capturer et analyser certaines des connaissances au sein de notre service», explique-t-il. «Ce projet nous a permis de modéliser des connaissances d'administration que nous n'étions jamais parvenus à modéliser auparavant avec d'autres systèmes. Je peux dire avec certitude que l'utilisation de la technologie Ontorule pour maintenir nos connaissances en gestion d'entreprise nous permet de gagner du temps et de réduire les «déchets numériques». Nous ne maintenons plus nos connaissances sur une feuille de calcul, mais dans un système centralisé où il est plus facile de les stocker, de les contrôler et de les actualiser pour améliorer les processus au sein de nos laboratoires de conception». Le projet Ontorule a reçu un financement de la recherche de 6,1 millions d'euros (sur un total de 10,2 millions d'euros) au titre du thème Technologie de l'information et de la communication (TIC) du septième programme-cadre (7e PC) de l'UE. Liens aux sites web des projets: Le 7e PC sur CORDIS - Fiche du projet Ontorule sur CORDIS Lien au site web du projet: - «Ontologies meet business rules» Liens à des séquences vidéo/audio connexes: - Vidéos de démonstration du projet Ontorule - Démonstrateur Arcelormittal de l'industrie du métal Ontorule Autres liens: - Site web de la stratégie numérique de la Commission européenne