Parcourir, faire défiler, balayer: les capacités du cerveau dans un monde visuellement saturé
Du courrier électronique aux médias sociaux, nos écrans sont saturés de texte, ce qui modifie à jamais notre façon de consommer du contenu. Notre cerveau est-il en mesure de traiter tout ce texte aussi rapidement que les images? Une équipe de chercheurs en linguistique et en psychologie dirigée par l’université de New York (NYU) a recouru à l’imagerie cérébrale pour répondre à cette question. Leur objectif consistait à déterminer si le système de compréhension du langage du cerveau traite les phrases affichées à l’écran de la même manière qu’il perçoit une scène visuelle. L’étude a été publiée dans la revue «Science Advances».
Comment le cerveau traite le langage
Les résultats ont montré que le cerveau peut détecter la structure de base d’une phrase courte en 150 millisecondes environ, ce qui s’apparente au temps qu’il faut pour cligner des yeux. Les chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale de 36 personnes pendant qu’elles lisaient des listes de mots composées de phrases grammaticales ou de noms. Les participants ont vu une première phrase de trois mots clignoter pendant 300 millisecondes, suivie d’une deuxième phrase qui était identique ou différait d’un mot. Il leur a été demandé de simplement indiquer si la deuxième correspondait à la première. Les résultats ont révélé que le cerveau commençait à différencier des phrases simples de trois mots (sujet-verbe-objet) (par exemple: «nurses clean wounds», «les infirmières nettoient les plaies») de listes de mots non structurées (par exemple: cœurs poumons foies) en seulement 130 millisecondes. Même dans le cas de phrases grammaticalement incorrectes, le cerveau identifiait rapidement la structure et corrigeait automatiquement les petites erreurs.
Le déluge de la diffusion des médias numériques
La vitesse stupéfiante à laquelle le cerveau traite le langage n’est étonnamment pas affectée malgré le passage massif de la lecture tranquille à la lecture en diagonale et rapide. «Cette transition a clairement montré que nos cerveaux ont non seulement la capacité de traiter instinctivement des messages rapides, mais aussi de prendre des décisions instantanées sur la base de ces messages, par exemple, conserver ou supprimer un courrier électronique ou répondre à une brève mise à jour sur les médias sociaux», explique Liina Pylkkänen, coauteure de l’étude et professeure au département de linguistique et au département de psychologie de la NYU, dans un communiqué de presse. «Mais dans quelle mesure comprenons-nous vraiment ces messages rapides et comment notre cerveau les gère-t-il? Le fait que notre cerveau puisse, au moins d’une certaine manière, saisir le sens de ces messages rapides en un seul coup d’œil pourrait révéler quelque chose de fondamental sur le potentiel de traitement du système linguistique.» «Nous ne savons pas encore exactement comment cette détection ultrarapide des structures est possible, mais l’hypothèse générale est que lorsque quelque chose que vous percevez correspond très bien à ce que vous connaissez, (dans ce cas, nous parlons de la connaissance de la grammaire), cette connaissance descendante peut vous aider à identifier le stimulus très rapidement», déclare Liina Pylkkänen à «The Guardian». «Ainsi, tout comme votre voiture est rapidement identifiable dans un parking, certaines structures linguistiques sont rapidement identifiables et peuvent alors donner lieu à un effet rapide de la syntaxe dans le cerveau.»
Mots‑clés
cerveau, courrier électronique, médias sociaux, texte, contenu, langage, écran, phrase, mot, messages