Un outil numérique amélioré offre un meilleur soutien pour les décisions relatives à la chirurgie de l’épilepsie
L’épilepsie est une maladie qui touche près de 50 millions de personnes dans le monde et pour laquelle il n’existe aucun remède. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, jusqu’à 70 % des personnes atteintes d’épilepsie pourraient vivre une vie sans crise si elles faisaient l’objet d’un diagnostic et d’un traitement médicamenteux adéquats. La thérapie de stimulation cérébrale profonde pour laquelle des électrodes sont implantées dans le cerveau constitue une alternative pour les patients qui ne répondent pas aux traitements médicamenteux. La chirurgie qui consiste à retirer la zone épileptogène — la région du cerveau où apparaissent les crises — désigne une autre alternative. «Le succès de la chirurgie dépend de la capacité à localiser le plus précisément possible ces zones. Mais en pratique clinique, cela s’avère souvent très complexe, et le taux moyen de réussite de l’intervention ne se situe qu’à environ 60 %», explique le Dr Viktor Jirsa de l’Université d’Aix‑Marseille dans un communiqué de presse publié sur le site web «EurekAlert!». «Toute amélioration aurait un impact majeur pour de nombreux patients.» Cette amélioration se présente sous la forme d’un outil de calcul dénommé «The Virtual Brain» (TVB) utilisé pour simuler l’activité des crises dans le cerveau des patients. Initialement développé par le Dr Jirsa et son équipe, cet outil pourrait aider les neurochirurgiens à localiser plus précisément les régions cérébrales affectées et donc contribuer à la réussite accrue des interventions chirurgicales. Les chercheurs mènent actuellement un essai clinique pour évaluer l’efficacité des modèles de réseaux cérébraux personnalisés du TVB pour la planification des chirurgies de l’épilepsie.
Mise en place d’une nouvelle infrastructure de recherche numérique
Avec le soutien du projet HBP SGA3 (le dernier des quatre plans de travail du Human Brain Project (HBP)), financé par l’UE, l’équipe utilise désormais une nouvelle infrastructure de recherche numérique dénommée EBRAINS pour améliorer la précision du TVB grâce à des données d’atlas cérébral à haute résolution. Selon le Dr Jirsa, seul EBRAINS est en mesure d’atteindre «cette échelle et cette résolution massives». Il poursuit en déclarant: «Ici, les ressources de données sur le cerveau sont rendues compatibles et intégrées avec des outils informatiques et de calcul de haute performance. EBRAINS permet d’appliquer l’apprentissage profond et d’autres méthodes pour trouver la configuration qui correspond le mieux aux enregistrements de la dynamique du cerveau de chaque patient. C’est une étape importante vers la localisation plus précise de la zone épileptogène.» Les capacités de l’infrastructure EBRAINS sont présentées dans une vidéo disponible sur YouTube. Paweł Świeboda, PDG d’EBRAINS et directeur général du HBP, décrit l’outil TVB du Dr Jirsa comme «l’une des nombreuses grandes percées résultant de l’expertise scientifique de pointe des scientifiques du Human Brain Project et de l’infrastructure de recherche de pointe EBRAINS». Il partage ensuite ses aspirations: «Nous sommes impatients de partager à l’avenir d’autres avancées en matière de santé cérébrale rendues possibles par EBRAINS. En attendant, nous invitons les chercheurs de différents domaines, tels que les neurosciences, la neuro‑ingénierie ou la neurotechnologie, pour n’en citer que quelques‑uns, à évaluer la mesure dans laquelle la plateforme EBRAINS peut améliorer leurs propres recherches.» Le HBP, l’un des plus grands projets de recherche au monde, rassemble des scientifiques et des ingénieurs de plus de 140 universités, hôpitaux universitaires et centres de recherche à travers l’Europe. «L’approche pluridisciplinaire du HBP, qui consiste à tirer des enseignements neuroscientifiques de l’analyse de mégadonnées et d’études de neuroimagerie, soutenue par la modélisation du cerveau et le calcul avancé, est un moyen très efficace de faire progresser la recherche sur le cerveau et d’apporter des innovations aux patients et à la société», observe Katrin Amunts, directrice de la recherche scientifique du HBP. Le projet HBP SGA3 (Human Brain Project Specific Grant Agreement 3), d’une durée de trois ans, prendra fin en mars 2023. Pour plus d’informations, veuillez consulter: site web du Human Brain Project
Mots‑clés
HBP SGA3, Human Brain Project, The Virtual Brain, EBRAINS, cerveau, épilepsie