Une technologie de traitement qui permet de récupérer l’antimoine sans aucune toxicité ni gaspillage
Des agents ignifuges à base d’antimoine sont souvent ajoutés aux polymères (plastiques) destinés aux équipements de sécurité, aux articles ménagers, aux composants électroniques et aux pièces de l’industrie aérospatiale. L’antimoine confère également certaines propriétés, notamment en matière de robustesse, de dureté et de résistance à la corrosion, aux alliages utilisés dans des applications industrielles telles que les accumulateurs plomb-acide, les canalisations et les roulements à billes. L’antimoine est essentiellement obtenu à partir de l’extraction de minerais (dans des roches et sédiments contenant de l’antimoine associé à des minéraux ou des métaux). La majeure partie de l’antimoine produit dans le monde provient de Chine et les entreprises européennes ont besoin d’une solution alternative. Des chercheurs financés par l’UE et travaillant sur le projet Stibiox ont mis au point une technologie brevetée de traitement, respectueuse de l’environnement et permettant de récupérer facilement l’antimoine à partir de diverses sources. Mais l’intérêt de cette technique ne se limite pas à cette application. Outre l’antimoine, le processus aboutit à la séparation et à l’isolement des autres métaux auxquels cet élément est lié, ce qui permet ainsi d’obtenir d’autres composés commercialisables.
Davantage de profits avec un impact moindre sur l’environnement
Selon Christian Thomas, coordinateur du projet, «il est actuellement très difficile de séparer l’antimoine, l’arsenic, l’étain et le plomb. Les procédés existants sont coûteux et dangereux.» Stibiox a rendu ce procédé plus sûr, moins coûteux et plus efficace. Les compagnies minières qui exploitent l’antimoine et connaissent des difficultés pour l’extraire des minerais à haute teneur en plomb pourraient bientôt disposer d’un moyen simple et peu coûteux d’y parvenir. L’industrie du plomb ajoute de l’antimoine pour améliorer les propriétés des composants métalliques. À l’heure actuelle, les compagnies minières vendent leur excédent d’antimoine à bas prix en raison de sa teneur élevée en impuretés. La technologie Stibiox peut les aider à augmenter leurs profits. Le trioxyde de diantimoine est couramment utilisé avec les agents ignifuges bromés car il améliore significativement leur efficacité. L’agent ignifugeant est ajouté sous forme de granulés, qu’on appelle «mélange maître», aux composés polymères lors de la production. Comme l’explique M. Thomas, «les plastiques bromés doivent être séparés et incinérés. Or, les cendres obtenues présentent une forte teneur en antimoine qui n'est actuellement pas récupéré.»
Un procédé écologique en quatre étapes qui permet de récupérer quatre oxydes de métaux différents
Selon M. Thomas, «dans la première étape du procédé Stibiox, l’oxydation thermique produit des oxydes de tous les métaux présents. La lixiviation à l’acide sulfurique élimine ensuite l’antimoine, l’étain et l’arsenic en solution et laisse le plomb dans la fraction solide. L’extraction par solvant permet de séparer l’antimoine, l’étain et l’arsenic. Lors de la quatrième et dernière étape, la désorption produit des oxydes de chacun des quatre métaux, avec une qualité permettant leur commercialisation.» Le recyclage de l’ensemble des réactifs réduit considérablement les coûts de traitement. En outre, il y a moins de solutions de réaction à éliminer, ce qui améliore considérablement la sécurité environnementale et individuelle. Avoir surmonté les dangers inhérents à la métallurgie est l’un des résultats dont M. Thomas est le plus fier, comme il l’explique: «Il n’y a aucun risque de produire des gaz hautement toxiques comme la stibine ou l’arsine. Il n’y a aucun risque lié à la manipulation de soude fondue, une tâche qui a provoqué des accidents mortels par le passé. Il n’y a pas de déchets finaux. Nos ingénieurs, dotés d’une vaste expérience en métallurgie des métaux non ferreux, ont travaillé dur pour résoudre ces problèmes – et nous y sommes finalement parvenus!»
Vers une phase d’industrialisation
M. Thomas et son équipe sont en train de mettre en place une usine pilote pour traiter l’antimoine provenant de différentes sources en grande quantité. L’étape suivante est déjà prévue et consistera à construire une installation industrielle capable de produire 5 000 tonnes d’antimoine par an. À partir de là, l’impact du projet se fera probablement ressentir aussi bien en amont qu’en aval du processus de récupération de l’antimoine – mais, heureusement, pas dans l’environnement.
Mots‑clés
Stibiox, antimoine, métaux, plomb, respectueux de l’environnement, technologie des procédés, métallurgie, séparation, exploitation minière, minerais, bromé, polymère, plastiques, pellets, mélange-maître, recyclage, ignifuge