L'eau assure la sécurité alimentaire et la croissance économique: rapport IWMI
Ouragans, glissements de terrain, sécheresses et tremblements de terre ne sont que quelques-uns des récents évènements climatiques et géologiques ayant un impact sur notre planète. Un nouveau rapport sonne l'alarme: les variations de plus en plus imprévisibles du régime pluviométrique liées au changement climatique risquent de compromettre la sécurité alimentaire et la croissance économique, notamment en Afrique et en Asie. L'Institut international de gestion des ressources en eau (IWMI) au Sri Lanka identifie actuellement une action clé qui permettrait de résoudre le problème à sa source, et de développer l'agriculture pluviale, à savoir diversifier les moyens de stockage de l'eau. «La diminution et l'irrégularité des pluies posent une menace pour des millions d'agriculteurs dans les communautés qui vivent de l'agriculture pluviale», expliquait Colin Chartres, directeur général de l'IWMI. «Ces personnes seront durement touchés par le changement climatique et il faut donc investir massivement et rapidement dans des mesures d'adaptation.» Certaines actions, dont le développement de grands barrages, offrent une solution soulagement immédiate mais ne sont pas totalement viables à long terme. Le développement de telles infrastructures offre une protection contre les inondations et une amélioration de la productivité agricole, mais leurs incidences sociales et écologiques sont également bien connues. L'IWMI explique que 80 millions de personnes ont été déplacées et les moyens d'existence de quelque 470 millions de personnes vivant en aval des barrages ont été perturbés par la modification de la configuration des cours d'eau. Plutôt que de se concentrer sur de telles actions, le rapport propose d'adopter une démarche intégrée qui associe des moyens de stockage à plus ou moins grande échelle, en utilisant par exemple les eaux souterraines, l'eau des zones humides naturelles, l'eau emmagasinée dans le sol, et l'eau recueillie dans des étangs, citernes et réservoirs, qui permettraient de faire face aux problèmes dans le cas et au moment où ils se révèlent. «Tout comme les consommateurs modernes diversifient leurs avoirs financiers pour réduire le risque, les petits agriculteurs doivent disposer d'une liste de 'comptes de ressources en eau' pour se prémunir contre les effets du changement climatique», explique Matthew McCartney, auteur principal du rapport et hydrologue à l'IWMI. «De cette façon, si une source d'eau se tarit, ils auront d'autres options». «Pour les millions de personnes qui vivent de l'agriculture pluviale, l'accès fiable à l'eau est un bon moyen d'échapper à la faim chronique et de progresser régulièrement sur la voie de la sécurité alimentaire. Les réserves d'eau, aussi faibles soient-elles, peuvent améliorer sensiblement la productivité agricole et le bien-être des populations rurales car elles permettent aux cultures et au bétail de survivre à la sécheresse.» D'après l'IWMI, près de 500 millions de personnes en Afrique et en Inde tireraient profit d'une meilleure gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles. Selon l'IWMI, l'agriculture pluviale couvre 94% des terres cultivées en Afrique subsaharienne, et 66% en Asie. Or ce sont précisément les régions où l'infrastructure de stockage de l'eau est la moins développée. «À moins de réduire l'incertitude écrasante qui pèse sur l'agriculture pluviale en améliorant le stockage de l'eau, de nombreux agriculteurs dans les pays en développement n'auront aucun moyen de faire face à un climat de plus en plus hostile et imprévisible», explique l'IWMI. Des mesures bien planifiées, telles que le développement et la mise en place de davantage d'options de stockage à petite échelle, peuvent se révéler être une aide précieuse pour la sécurité alimentaire et l'économie. En résumé, une planification et une gestion bien étudiées seraient la clé du succès. «Aucune de ces méthodes n'est la panacée», fait remarquer le Dr McCartney. «Elles présentent toutes des avantages et des inconvénients, selon leurs caractéristiques intrinsèques, la manière dont elles sont planifiées et gérées, et les conditions propres à chaque sites.» S'exprimant lors du forum stratégique Bled 2010 intitulé «The Water Challenge», en Slovénie le 30 août dernier, Janez Potocnik, le Commissaire européen en charge de l'environnement, déclarait que la «grande accélération» du XXe siècle s'est traduite par la multiplication par 4 de la population de la planète et une croissance 40 fois plus importante de la production économique. Nous sommes cependant parvenus à accroître notre utilisation des carburants fossiles de 16 fois et de l'eau de 9 fois. Le Commissaire Potocnik a mis l'accent sur l'eau, qui représente l'un des plus grands défis de notre temps. «Posez la question aux millions de Pakistanais qui luttent contre les inondations et les maladies liées aux inondations», a-t-il souligné. «Les parties prenantes du monde entier savent à quel point il est important de relever ce défi.» Les objectifs de développement du millénaire (OMD) et le sommet mondial sur le développement durable (WSSD), par conséquent, visent à réduire de 50% la proportion de personnes n'ayant pas d'accès durable à l'eau potable et à un système sanitaire de base. La Commission européenne, pour sa part, a présenté son initiative européenne sur l'eau, qui intègre la gestion des ressources en eau par une «approche des bassins fluviaux». Grâce à un financement de 1,5 milliard d'euros accordé au projet sur l'eau, l'initiative rassemble des groupes et des personnes provenant d'une myriade de secteurs afin d'assurer une meilleure gouvernance dans le secteur de l'eau et d'attirer un investissement régional plus important. En résultera une coopération régionale plus forte, ainsi que des mécanismes financiers plus efficaces pour le financement de programmes de développement.
Pays
Sri Lanka, Pakistan, Slovénie