Les Européens utilisent l'innovation pour lutter contre le blanchiment de capitaux
L'UE a décidé de s'attaquer activement au problème du blanchement des capitaux, dont le montant est estimé à 1 billion d'euros dans le monde entier. C'est pour aider l'UE à combattre cette activité criminelle que le projet BEINGRID (Business Experiments in GRID), doté d'un budget de plus de 15 millions d'euros, a été mis sur pied en vue de promouvoir le déploiement et l'application des technologies Grid dans certains secteurs industriels européens et de créer un référentiel contenant une description des différentes technologies Grid ainsi que des bonnes pratiques pour soutenir les entreprises qui souhaitent adopter cette nouvelle technologie. Le projet BEINGRID était financé au titre du domaine thématique «Technologies de la société de l'information» (TSI) du sixième programme-cadre (6e PC) de l'UE. Les partenaires du projet BEINGRID ont surveillé les transactions présentant un risque de blanchiment de capitaux en utilisant des services de «cloud computing» (informatique dématérialisée). Les experts affirment que la saisie des profits est une manière efficace d'arrêter les criminels. Cependant, compte tenu des avancées réalisées dans le domaine des TSI, les criminels sont de plus en plus souvent à la pointe de la technologie. Les banques traitent des milliards de transactions par semaine et il devient compliqué pour les forces de l'ordre d'arrêter les criminels. En revanche, le blanchiment d'argent laisse des traces dans les livres des banques. Les experts constatent que le modèle suivi par les transactions (comment l'argent passe d'un compte à un autre et en combien de temps) constitue un indice qui incite les enquêteurs à examiner de plus près certaines transactions pouvant présenter un risque de blanchiment de capitaux. Mais la question est la suivante: comment distinguer une transaction honnête d'une transaction malhonnête? Le projet BEINGRID, qui a été lancé en 2006 et s'est achevé en 2009, a mené une série de tests appelés «Business Experiments» afin d'élaborer la technologie nécessaire pour pouvoir offrir aux petites et moyennes entreprises (PME) des services de Grid et de Cloud computing adaptés à leurs besoins quotidiens. Selon les chercheurs, le Cloud computing s'inspire du Grid et offre un service de fourniture de ressources à la demande. Les partenaires du projet BEINGRID ont déclaré que le Business Experiment AMONG (Anti-money laundering on Grid) avait permis de développer des services de détection s'appuyant sur la technologie Grid. Le Grid est un système qui permet d'exploiter les ressources de traitement et de stockage inutilisées, où qu'elles se trouvent dans le monde. Le Grid computing prend un ordinateur personnel (PC) ordinaire et le transforme en superordinateur. L'équipe BEINGRID a ajouté que les services de Cloud computing permettaient d'offrir aux entreprises et aux particuliers les outils dont ils ont besoin pour utiliser l'internet de façon à réaliser des tâches spécifiques. «Par l'intermédiaire d'un logiciel Grid (l'infrastructure orientée services GRIA), AMONG permet aux banques de coopérer entre elles en toute sécurité et à moindre coût», a déclaré Damien Hubaux, responsable des Business Experiments menés dans le cadre du projet BEINGRID et chef du département Recherche et développement (R&D) du CETIC (Centre d'excellence en technologies de l'information et de la communication), l'un des partenaires du projet BEINGRID. «Grâce à cette solution, les banques peuvent détecter les cas de blanchiment de capitaux plus facilement que si elles ne disposaient que des données disponibles dans une seule institution. Et, plus important encore, les banques contrôlent les informations communiquées aux concurrents», explique-t-il. Il convient de noter que les données bancaires confidentielles ne sont quant à elles pas échangées. D'après les partenaires, cette solution offre aux banques les outils dont elles ont besoin pour se conformer à la troisième directive européenne sur le blanchiment de capitaux. Les banquiers, de leur côté, se félicitent de la création de la plate-forme AMONG. «AMONG nous permet d'avoir une vision plus holistique des activités de blanchiment d'argent et, aussi étonnant que cela puisse paraître, tout cela à moindre coût, en toute sécurité et quelle que soit l'application AML installée dans la banque», explique Giorgos Panousopoulos, gestionnaire de projets R&D à Exodus SA (Grèce), un autre partenaire du projet BEINGRID. BEINGRID a réussi à développer plus de 24 Business Experiments dans neuf secteurs clés. Le projet regroupait plus de 95 partenaires issus de dix pays, parmi lesquels l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, la Grèce, l'Italie, la Pologne, le Royaume-Uni et la Suisse. Mais les travaux n'en sont pas restés là. Les partenaires du projet BEINGRID continuent de travailler ensemble en vue de fournir une ressource en ligne à l'intention des PME et des autres groupes souhaitant utiliser des technologies Grid.