Une étude montre comment les albatros et les épaulards partagent leur repas.
Les albatros et les épaulards (ou orques) semblent être des partenaires assez inhabituels mais des chercheurs au Japon et au Royaume-Uni ont découvert comment ces grands oiseaux marins se nourrissent à proximité des membres les plus imposants de la famille des dauphins. Présentées dans la revue PLoS (Public Library of Science) ONE, ces images uniques ont été recueillies par des appareils photo placées sur les dos des albatros. Elles ont permis de mieux comprendre comment ces oiseaux se nourrissent des restes des repas des mammifères marins. Les chercheurs du Groupe d'études britanniques de l'Antarctique de Cambridge et ceux de l'Institut national de recherche polaire au Japon ont fixé des appareils photos numériques miniatures au dos de quatre albatros à sourcils noirs (Thalassarche melanophrys) qui se reproduisent sur l'île Bird, près de l'île de Géorgie du Sud, au sud de l'océan Atlantique. Selon les scientifiques, les albatros volent sur de nombreux kilomètres en haute mer pour se nourrir de proies. «Malgré le nombre croissant d'études sur le comportement alimentaire de ces oiseaux, on sait encore relativement peu de choses sur la façon dont ils localisent leur nourriture», précise l'article. En plaçant un appareil photos et un enregistreur de données relatives à la profondeur sur les oiseaux en liberté, les chercheurs sont parvenus à montrer comment plusieurs albatros ont suivi un orque (Orcinus orca) et se sont nourris des restes de ses repas. Le groupe japonais Little Leonardo Co. Ltd a fabriqué les appareils photo, légers et innovants, qui ont été récupérés lorsque les oiseaux revenaient sur les côtes après leurs voyages de chasse. L'appareil était équipé de capteurs de profondeur et de température et pouvait stocker près de 10 000 images. Il mesurait 22 millimètres de diamètre et 132 mm de long, et pesait 82 grammes dans l'air (soit moins de 2,7% du poids des oiseaux de l'étude) Au total, 28 000 images ont été collectées par 3 des 4 appareils utilisés (l'un n'a pas été récupéré). «Les images et les profils de profondeur montrent que les oiseaux plongeaient en général assez rarement, mais plus souvent en présence d'autres oiseaux ou d'un épaulard», indique l'étude. «Cette association avec des prédateurs plongeurs ou d'autres oiseaux peut expliquer en partie comment les albatros trouvent leur nourriture plus efficacement dans un océan apparemment sans repère, en évitant au maximum les plongées et les amerrissages, coûteux en énergie.» L'appareil n'affecte quasiment pas l'aérodynamisme des oiseaux, qui conservent donc tout leur potentiel de reproduction, même s'ils sont observés. «Ces images sont très intéressantes», fait remarqué le Dr Richard Phillips du Groupe d'études britanniques de l'Antarctique. «Ils montrent que les albatros s'associent aux mammifères marins de la même manière que le font des oiseaux tropicaux avec les thons. Dans les deux cas, la proie (généralement du poisson) est dirigée vers la surface, ce qui facilite la capture pour les oiseaux.» L'étude faisait partie d'un projet mené sous les auspices de l'Expédition japonaise de recherche en Antarctique et le Groupe d'études britanniques de l'Antarctique, ainsi que du programme 2007-2009 de l'Année polaire internationale (API). Les chercheurs ont déclaré qu'elle pourrait conduire à davantage de recherches sur le suivi des grands prédateurs marins. De nouvelles informations contribueront à élargir les connaissances sur les interactions entre les animaux marins et leur environnement.
Pays
Japon, Royaume-Uni