Des scientifiques identifient un gène impliqué dans de nombreux cancers
Une équipe internationale de chercheurs vient de découvrir que le gène UTX (localisé sur le chromosome X) est impliqué dans plusieurs types de cancer. Ce gène récemment découvert joue un rôle important dans 10% des cas testés de myélomes multiples, 8% des carcinomes à cellules squameuses de l'oesophage, et 1,4% des carcinomes à cellules rénales. Les résultats sont publiés dans la revue Nature Genetics. Dans nos cellules, l'ADN est enroulé autour de protéines appelées histones. L'ajout ou le retrait à l'ADN de composés chimiques simples comme le méthyle modifie la force de l'association entre l'ADN et les histones. Ce processus de méthylation a récemment fait l'objet de plusieurs études sur le cancer. Des modifications des protéines d'histone nucléosomique, survenant aux derniers stades de la synthèse des protéines, peuvent influencer la prolifération, la différenciation et la mort des cellules. Ces modifications sont contrôlées par des enzymes, et la protéine exprimée par le gène UTX est un exemple d'enzyme qui régule en temps normal la modification de l'histone. Elle joue donc un rôle dans la régulation de l'activité globale de nombreux gènes. Les chercheurs ont mené une étude à grande échelle de séquençage de l'ADN et examiné les mutations de milliers de gènes impliqués dans des cancers. Ils ont tout spécialement étudié les mutations du mécanisme de méthylation de l'histone. Ils ont étudié 1390 échantillons de cancer et identifié 39 mutations qui «désactivent» l'UTX. C'est le premier cas de mutations trouvées dans un gène de cette classe fonctionnelle. «Le gène UTX est un composant important du mécanisme de contrôle de la transcription. Il influence certains des mécanismes les plus fondamentaux contrôlant l'activité génétique dans nos cellules», explique le Dr Andy Futreal du Cancer Genome Project à l'institut Sanger de la fondation Wellcome Trust au Royaume-Uni. «Contrairement à de nombreux gènes impliqués dans le cancer, le gène UTX ne semble pas être directement impliqué dans la division ou la mort des cellules, mais dans la régulation des gènes. Ce cas montre le niveau de sophistication employé par le cancer pour se développer.» Ces rares mutations du gène UTX ont été observées dans le cancer du rein à cellules claires. Une étude plus poussée a révélé des mutations dans de nombreux autres types de cancer, y compris dans un cas sur 10 de myélome multiple et un cas sur 12 de cancer de l'oesophage. Les chercheurs ont confirmé l'hypothèse selon laquelle les cellules n'ayant pas de gène UTX fonctionnel voient leur croissance notablement ralentie lorsqu'elles reçoivent une copie «normale» du gène. L'étude conclut que «ces résultats sont une preuve solide qu'UTX est le premier gène muté d'histone déméthylase à être associé à un cancer humain. Ceci montre que les mécanismes génétiques peuvent être un composant important de la dérégulation épigénétique observée dans les cancers.» «Ces travaux montrent que l'approche systématique permet de trouver dans les cas de cancer humain des mutations de gènes responsables de plusieurs fonctions», déclare le professeur Victor Velculescu du John Hopkins Kimmel Cancer Center aux États-Unis. «Les gènes impliqués dans le cancer ne se limitent donc pas aux rôles 'classiques' de survie et de prolifération des cellules, mais ils peuvent affecter d'autres mécanismes cellulaires.» Ces découvertes appellent à davantage de travaux de recherche sur une nouvelle classe de gènes associés au cancer. Ces gènes sont essentiels pour contrôler l'activité génétique et empêcher les cellules de devenir cancéreuses. Les chercheurs ont découvert que les mutations du gène UTX modifiaient l'activité d'autres gènes. «C'est un changement génétique qui a des conséquences au niveau de la régulation épigénétique», déclare le professeur Mike Stratton de l'Institut Sanger. «Lorsque nous étudions des cancers, une proportion notable des dérégulations épigénétiques peut avoir une base génétique.» Plusieurs des chercheurs du projet sont membres de l'ICGC («International Cancer Genome Consortium»), dont le but est de cataloguer les anomalies génétiques dans 50 différents types de tumeurs. La découverte de nouveaux gènes de régulation comme UTX est une contribution importante aux travaux du groupe qui cherche à décrire de manière complète différents cancers. On espère que ces descriptions contribueront à lutter contre ce fléau mondial qu'est le cancer. La Commission européenne est membre observateur de l'ICGC.
Pays
Chine, Pays-Bas, Royaume-Uni, États-Unis