Des professeurs dédiés pour lutter contre la pauvreté et encourager l'inclusion des enfants
Renforcer les compétences et les qualifications des personnes exerçant un métier au service des jeunes enfants pourrait-il avoir un impact sur la vie des enfants? Une équipe de chercheurs européens répond par l'affirmative. Selon eux, ces changements permettraient d'améliorer l'inclusion sociale et de réduire le niveau de pauvreté. Une étude d'une durée de deux ans et intitulée «Working for inclusion: the role of the early years workforce in addressing poverty and promoting social inclusion» permettra d'élucider la relation du niveau de compétence et de qualifications dans les métiers au service de la petite enfance avec l'inclusion sociale et la pauvreté. Les participants à l'étude, originaires du Danemark, de France, d'Italie, de Hongrie, de Norvège, de Pologne, de Slovénie, de Suède et du Royaume-Uni offriront une vision d'ensemble des développements réalisés en Europe; les résultats finaux seront utilisés en vue de développer des politiques tant au niveau national qu'européen. À la différence des pays participant au programme de recherche, les autres pays de l'UE ne s'intéressent guère à la mise en place d'un objectif explicite visant à réduire la pauvreté. Le Danemark, toutefois, utilise depuis plusieurs années un système permettant d'évaluer les qualifications pédagogiques, et les données montrent que 3% des travailleurs danois sont des éducateurs de jeunes enfants. Le système danois s'assure que les éducateurs soient non seulement formés pour surveiller le développement éducationnel, mental et physique des enfants, mais également qu'ils coopèrent avec les familles qui rencontrent des difficultés à s'occuper de leurs enfants. Parmi les coordinateurs du programme de recherche paneuropéen, citons l'agence Children in Scotland, un partenaire du National Children's Bureau (NCB) au Royaume-Uni. «L'accès aux services spécialisés dans la petite enfance peut permettre de réduire la pauvreté et aider les enfants de capacités et de contextes sociaux différents à se sentir inclus dans leur communautés», explique le Dr Bronwen Cohen, directrice de Children in Scotland. «Néanmoins, on pourrait obtenir de bien meilleurs résultats si les éducateurs et professeurs possédaient les compétences et qualifications adéquates.» Le responsable de l'agence souligne l'importance de ce programme de recherche pour définir les compétences et les qualifications des travailleurs, pour sa contribution aux services d'inclusion ainsi que son soutien aux familles et aux communautés. «Ce programme offre une vision complète des services dans toute l'Europe, ce qui nous permet de comparer ce que nous faisons ici en Écosse à ce qui se fait dans les autres pays», explique-t-elle. Les données actuelles montrent que, sur les un million d'enfants écossais, un sur cinq vit dans un foyer dont les revenus sont de 60% inférieurs au revenu moyen écossais. Pour sa part, le responsable de NCB, M. Paul Ennals, également responsable du Children's Workforce Network, fait remarquer que l'échange d'informations et de bonnes pratiques à l'échelle mondiale est primordial. «C'est pour l'Angleterre l'occasion rêvée d'évaluer et de comparer les compétences et opportunités de carrières dans des métiers spécialisés dans les jeunes enfants avec ce qui se passe en Europe, et d'utiliser ces informations en vue d'améliorer les chances des enfants et de combattre l'inégalité», explique-t-il. Le représentant de la Commission européenne en Écosse, Neil Mitchison, déclare que les familles dans le besoin doivent obtenir un soutien. «Il faut les aider à se sortir du cercle vicieux de la pauvreté et de l'exclusion sociale», déclarait-il. «Ce projet permettra d'offrir des données utiles aux décideurs politiques, tant au niveau national qu'européen.» Parallèlement, l'administrateur en chef d'Eurochild, une organisation de mise en réseau européenne, souligne que l'Europe doit assurer son leadership en matière de services consacrés aux jeunes enfants. «Cet important projet confirmera les preuves transeuropéennes de bonnes pratiques dans l'organisation des services, le développement et la formation des travailleurs», fait remarquer Jana Hainsworth. «Nous espérons approfondir nos connaissances de l'impact de ces services sur la promotion de l'inclusion et la lutte contre la pauvreté.»