Un nouveau départ pour la coopération en matière de production d’énergie nucléaire dans la Baltique
Leur objectif phare consistait à préparer les fondations nécessaires pour une mise en œuvre fructueuse des projets de centrales nucléaires dans la région de la Baltique. Et ils y sont parvenus en deux étapes. Tout d’abord, le consortium a compilé un ensemble d’informations portant sur des installations, des équipements, des logiciels, des infrastructures énergétiques, des infrastructures de traitement du combustible, des options de gestion et d’élimination des déchets radioactifs expérimentales, ainsi que sur les acteurs du secteur qui pourraient être impliqués dans la mise en œuvre de ces projets d’énergie nucléaire. Puis, il a identifié des ressources qui permettraient d’accroitre la coopération. «Nous savons que chaque pays partenaire dispose d’atouts dans des domaines spécifiques, et le projet a fortement contribué à les mettre en évidence. Cependant, on constate actuellement un manque de coopération qui empêche de mettre à profit tout le potentiel que présente l’énergie nucléaire dans cette région», explique le Dr Egidijus Urbonavicius, coordinateur de BRILLIANT (Baltic Region Initiative for Long Lasting InnovAtive Nuclear Technologies) au nom de l’Institut de l’énergie lituanien. Surmonter les obstacles... Plusieurs obstacles freinant le développement de l’énergie nucléaire dans la région ont été identifiés par le consortium du projet. Ils comprennent: des infrastructures de recherche et des compétences non adaptées et dispersées; un manque de justification de la gestion autonome des déchets nucléaires; des systèmes électriques de relativement petite dimension; une sécurité insuffisante de l’approvisionnement en énergie; un niveau technique rudimentaire dans l’industrie lourde; et un nombre décroissant de travailleurs qualifiés. La sensibilisation insuffisante du public et l’agressivité du lobby du charbon en Pologne sont également à blâmer en ce qui concerne l’absence de programmes nucléaires dans la région de la Baltique. Le Dr Urbonavicius est convaincu que tous ces obstacles peuvent être facilement surmontés en établissant une coordination adaptée. La première mesure favorable à une intégration accrue a été déjà été prise en 2015 quand deux câbles électriques ont été posés bout à bout pour relier le réseau lituanien à ceux de Suède et de Pologne. De même, l’Estonie se trouve déjà connectée au réseau finlandais via deux câbles dédiés. BRILLIANT a franchi une étape supplémentaire en établissant une étroite collaboration entre les principaux centres de recherche de la région: le LEI et le FTMC en Lituanie, le NCBJ en Pologne, l’Université Tartu en Estonie, l’Université de Lettonie et la KTH en Suède. Durant trois années, ces acteurs ont partagé leurs connaissances, découvert leurs forces et leurs faiblesses et cherché des opportunités pour travailler ensemble et améliorer leur compétitivité commune. «Imaginons que nous établissions une source d’énergie à haute capacité dans le réseau de petite dimension d’un seul pays: Elle prendrait une place prééminente dans ce pays, mais pourrait ne pas s’avérer compétitive par rapport à d’autres sources d’énergie et donc impacter négativement la sécurité énergétique du fait de sa forte influence sur le réseau», explique le Dr Urbonavicius. «D’un point de vue régional, il existe toutefois de nombreuses possibilités qui permettraient d’utiliser tout son potentiel.» ...et résoudre les problématiques politiques Il existe cependant deux problématiques qui ne peuvent pas être résolues par les organismes de recherche: la gestion du combustible nucléaire irradié et des déchets radioactifs, ainsi que le partage des risques liés au fonctionnement des centrales nucléaires, ces éléments devant être pris en considération au niveau politique. De la même manière, la perception négative du public reste un problème, y compris dans le cadre d’une coopération renforcée. «Notre approche du problème a consisté à organiser des événements publics dans chaque pays pour présenter nos idées et les résultats, et pour discuter des enjeux liés au développement de l’énergie nucléaire et du secteur énergétique en général. Ces réunions étaient ouvertes à toutes les parties intéressées. Plusieurs experts ont également eu l’opportunité de visiter des installations à Oskarshamn en Suède, ce qui a contribué à surmonter le problème de la sensibilisation du public», s’enthousiasme le Dr Urbonavicius. Alors que l’histoire future de l’énergie nucléaire dans la région de la Baltique reste encore à écrire, le projet BRILLIANT a sans aucun doute fourni un excellent point de départ pour une coopération efficace au niveau régional.
Mots‑clés
BRILLIANT, région de la Baltique, Suède, Pologne, Lituanie, Estonie, Lettonie, énergie nucléaire, réseau électrique, potentiel énergétique