Des drones assistés par IA pour les tâches de maintenance difficiles
Les drones AEROARMS ne sont pas des drones ordinaires. Ils offrent aux grandes raffineries qui exploitent des dizaines de milliers de kilomètres de tuyaux une solution unique pour prévenir la corrosion et les accidents. Les drones peuvent voler vers les structures les plus élevées, cartographier celles-ci, calculer l’épaisseur des parois des tuyaux grâce à leurs capteurs ultrasoniques, déployer des capteurs de contrôle non destructif (CND), et même effectuer d’importantes tâches de maintenance. Tout cela avec la promesse d’économiser jusqu’à 700 000 euros de frais d’inspection par raffinerie et par an. La principale innovation du projet AEROARMS (AErial RObotic system integrating multiple ARMS and advanced manipulation capabilities for inspection and maintenance) réside dans les premiers manipulateurs robotiques aériens intelligents au monde, constitués de bras articulés et de plateformes multi-poussées (rotors inclinés) qui peuvent exercer des forces dans toutes les directions. Grâce à leur IA avancée, les drones peuvent s’accrocher à un objet avec un bras tout en l’inspectant avec un autre. Leurs talents ont été démontrés avec succès dans des situations réelles, notamment des mesures de l’épaisseur des parois de tuyaux et de réservoirs. «Nous avons fait une démonstration des manipulateurs aériens dans une cimenterie du sud de l’Espagne et dans une raffinerie du nord de l’Allemagne. Les démonstrations ont consisté en l’installation de capteurs permanents dans des lieux inaccessibles ainsi que des mesures de l’épaisseur de parois, lesquelles sont très importantes pour évaluer l’effet de la corrosion et éviter les accidents dus aux fuites de gaz explosifs», explique Anibal Ollero, coordinateur du projet, professeur et chef du laboratoire de robotique, vision et contrôle de l’Université de Séville, en Espagne. Il ne s’agit bien sûr que d’une illustration des capacités des drones. Ils peuvent être utilisés pour installer des capteurs de surveillance et des équipements de communication comme des antennes dans des sites inaccessibles ou, comme l’Université de Séville et le centre de technologie aérospatiale CATEC l’ont démontré dans le cadre du projet AEROBI, pour détecter et évaluer des fissures dans les piliers de pont en utilisant les capteurs à ultrasons placés dans l’actionneur situé à l’extrémité de leur bras. «C’est très pertinent si l’on considère la nécessité d’inspecter et d’évaluer le très grand nombre de ponts routiers et ferroviaires de l’Union européenne âgés de plus de 50 ans», déclare le Anibal Ollero. Les drones peuvent voler de manière autonome pour la plupart des opérations, et un pilote de secours peut prendre le contrôle en cas d’urgence.
D’innombrables opportunités
Sept mois après la fin du projet, AEROARMS a été largement reconnu pour sa contribution à la consolidation de la manipulation aérienne en tant que nouveau domaine technologique dans lequel l’IA peut être appliquée. Il a donné lieu à plusieurs applications industrielles et à la création d’une start-up – Vertical Engineering Solutions (VES) – qui met actuellement au point une nouvelle version du système AEROX – l’un des drones du projet développé au CATEC – et a été invitée à en faire la démonstration aux États-Unis dans les prochains mois. En décembre 2019, le projet de suivi AERIAL-CORE a été lancé pour repousser les limites de la robotique aérienne. «Le nouveau projet utilise l’intelligence artificielle pour augmenter le champ d’action et la sécurité des robots aériens. Il vise à mettre en œuvre l’IA dans l’inspection aérienne à longue distance (kilomètres), dans la manipulation aérienne, ainsi que dans le cadre d’interventions conjointes de robots aériens et de personnes travaillant en hauteur», explique Anibal Ollero. «Parallèlement, grâce à ma subvention avancée GRIFFIN du Conseil européen de la recherche (CER), les résultats d’AEROARMS sont utilisés pour développer une nouvelle génération de manipulateurs robotiques aériens bio-inspirés.» Il semble que rien ne puisse arrêter la vague d’innovation inspirée par AEROARMS, et l’avenir pourrait réserver encore plus de surprises. Lorsqu’on lui demande s’il s’attend à ce que des applications soient développées pour d’autres marchés, Anibal Ollero répond par l’affirmative. «J’en suis persuadé. Nous ciblons déjà de nouvelles applications dans l’agriculture, la recherche et le sauvetage, et même dans la logistique et le transport, où nos manipulateurs aériens intelligents pourraient apporter des livraisons directement aux personnes sur leur lieu de travail, ou à la maison lorsqu’elles ne peuvent pas se déplacer.» Une idée très actuelle en effet, alors que la plupart des Européens sont confinés chez eux en attendant que la crise du coronavirus s’apaise.
Mots‑clés
AEROARMS, maintenance, drone, IA, manipulateurs robotiques, sites inaccessibles, raffinerie, tuyaux