Des tubes plus gros dans l’espace pour gérer l’explosion des données
Observer la planète depuis l’espace pourrait contribuer à gérer les catastrophes naturelles, surveiller le changement climatique et aider les agriculteurs et la population à surveiller les mouvements de la faune. Cependant, le développement de l’observation de la Terre (OT) est ralenti par l’incapacité à rapatrier sur Terre les données des satellites. Des chercheurs du projet RAVEN entendent remédier à cette lenteur, en développant des liaisons de connexion optiques qui peuvent le faire en temps réel. Il n’y a pas si longtemps, la fabrication d’un satellite aurait coûté 100 millions d’euros et ce satellite aurait eu la taille d’un bus à deux étages. Mais l’avènement de satellites cubiques plus petits et moins coûteux est en train de changer la donne et, par la même occasion, de réduire les barrières d’entrée dans l’espace. «L’espace, qui était autrefois la chasse gardée des organismes gouvernementaux, est devenu aujourd’hui un lieu propice aux affaires» affirme John Mackey, coordonnateur du projet RAVEN et PDG de photonics specialists mBryonics, de Galaway, en Irlande. Le projet Planet Labs, mis sur pied par d’anciens scientifiques de la NASA en 2010, qui a récemment commencé à prendre des photos de la Terre de façon quotidienne, en est un exemple. Les tubes usés De telles initiatives génèrent régulièrement des pétaoctets de données, mais les tubes pour transférer les données jusqu’à la Terre commencent à prendre de l’âge. C’est là que RAVEN entre en scène. «Nous sommes en train de créer des tubes totalement nouveaux pour les satellites de télécommunications qui vont probablement révolutionner la façon dont les satellites peuvent être utilisés à des fins de communication», a déclaré M. Mackey. mBryonics a développé une architecture intelligente pour les communications optiques dans l’espace, capable de relier une constellation de satellites de manière automatisée et transparente et de créer un segment terrestre virtualisé distribué. «Elle réduit le nombre de stations terrestres dont vous avez besoin et vous permet d’obtenir ces données... en temps quasi-réel», explique M. Mackey. Ce système photonique peut non seulement gérer 10 gigaoctets de données par seconde, mais il est aussi nettement plus léger et moins coûteux que les solutions existantes. «Nous avons réussi à miniaturiser l’ensemble du système en un SWaP (taille, poids et puissance) révolutionnaire et son prix est bien inférieur, ce qui le rend idéal pour les petites plates-formes et la production de masse», affirme M. Mackey. Cerveaux optiques L’équipe a développé un modem ArcLight ™: il s’agit d’un logiciel optique, à réseau défini, agissant comme une sorte de cerveau optique qui permet aux satellites de communiquer entre eux. Ils ont également utilisé le financement RAVEN pour étudier le potentiel de l’OT depuis des plates-formes à haute altitude, telles que des constellations de ballons, des dirigeables ou des drones qui évoluent dans la stratosphère, à 20 kilomètres au-dessus de la Terre. En plus de faire progresser la technologie, mBryonics a profité de la durée de six mois du projet RAVEN pour s’entretenir avec les parties prenantes clés de l’écosystème satcom sur leurs attentes concernant un système photonique. «H2020 est un bonne porte d’entrée lorsque vous voulez discuter avec des gens, car cela donne du prestige», explique M. Mackey. L’équipe dispose maintenant d’un prototype de système d’alimentation réseau à transducteur optique adaptatif et prévoit de demander un financement RAVEN II pour le développer davantage. L’avenir semble prometteur pour ce type de technologie, estiment-ils, et pas seulement pour l’OT. L’explosion des données à venir, portée par des progrès tels que le lancement de la téléphonie mobile 5G en 2020, signifie que les réseaux existants ne seront pas à la hauteur, prédit M. Mackey. «En ce qui concerne la 5G, le traitement des données va être phénoménal - les systèmes terrestres seront submergés et les systèmes satellitaires se transformeront en une option de routage alternative», précise-t-il. Et d’ajouter: «le système d’alimentation bidirectionnel sera la clé, car il vous faudra acheminer les données d’une manière intelligente».
Mots‑clés
RAVEN, liaisons de connexion optiques, satellites de télécommunications, observation de la Terre, photonique, 5G, explosion de données, SmallSat, optique adaptative, réseaux à commande de phase, virtualisation