La variabilité au sein des espèces d'arbres
Il est de plus en plus reconnu que les populations bénéficiant d'une richesse biologique importante sont plus stables que celles dont le nombre d'espèces est faible; une notion essentielle au vu du scénario climatique. Pourtant, cette biodiversité (ou variabilité de la vie) pourrait bien être fondamentale, non seulement en termes d'espèces mais également en termes d'individus au sein d'une même espèce, autrement dit la variabilité intraspécifique d'une population. Le projet DIVERFOR (Functional implications of inter- vs. intraspecific trait diversity in European forests), financé par l'UE, a étudié l'étendue et le rôle de cette variation au sein d'une espèce, un aspect souvent négligé dans les études sur la biodiversité. En d'autres termes, l'objectif était d'évaluer le pourcentage de variation totale d'une population végétale attribuée à une seule espèce, comparé à celui observé entre espèces co-existantes. Ces travaux se sont particulièrement intéressés aux arbres de trois types majeurs des forêts européennes: les forêts boréales, tempérées et méditerranéennes. L'équipe du projet a utilisé une approche fonctionnelle de la diversité, mesurant la variabilité des feuilles et traits architecturaux (caractéristiques liées à d'importants processus physiologiques), sur des centaines d'arbres et milliers de feuilles collectés en Espagne, en Roumanie et en Finlande. Leur analyse a montré l'importance la variabilité intraspécifique par rapport à la variabilité totale (diversité fonctionnelle totale). Dans certains cas, cette variation intraspécifique pouvait même représenter près de 50 % de la diversité totale d'une population. Les chercheurs ont également montré que les arbres répondaient, non seulement aux différentes conditions climatiques et environnementales, mais aussi à la diversité interspécifique de leurs voisins. Par conséquent, les arbres d'une même espèce montrent des caractéristiques différentes lorsqu'ils croissent au milieu d'individus de leur propre espèce comparés à ceux qui poussent dans des peuplements mixtes. Une telle variabilité pourrait conférer à ces espèces, un avantage déterminant lors de fluctuations et perturbations environnementales. Le projet DIVERFOR représente de ce point de vue un excellent point de départ pour de nouvelles recherches. Ces nouvelles perspectives devraient aider gestionnaires et responsables politiques chargés de la protection de la forêt à accomplir leur tâche à l'avenir.
Mots‑clés
Arbre, intraspécifique, forêt, DIVERFOR, diversité fonctionnelle, diversité des espèces