Une réflexion inédite nécessaire pour lutter contre la «crimmigration»
De nombreux pays d'Europe sont confrontés à une crise d'immigration, et comme ils comptent désormais de nombreux citoyens étrangers dans leurs prisons (qui représentent certains pays plus de la moitié de la population carcérale), ils doivent gérer de nombreux sites de détention pour les immigrants Tout ceci a conduit à fusionner et combiner progressivement le contrôle de la criminalité et celui de l'immigration en Europe. Le projet CRIMMIGRATION, financé par l'UE, a été lancé en 2011 pour analyser l'impact que l'accent croissant sur le contrôle de l'immigration a sur des institutions de la justice pénale comme la police, les prisons et les centres de détention. Par exemple, la priorité accordée à la sanction et à la réintégration des contrevenants est-elle remplacée progressivement par des actions de diversion, d'immobilisation et de déportation? «L'apparition de nouvelles formes de sanctions et de logiques de contrôle social peut être qualifiée de contrôle de la 'crimmigration'», explique Katja Franko, coordinatrice du projet à l'université d'Oslo, en Norvège. «Durant le projet, nous avons constaté l'importance croissante de la déportation, notamment dans certains pays comme la Norvège, et le recours de plus en plus fréquent au droit pénal pour contrôler les frontières.» Mme Franko est convaincue que de nouvelles réponses juridiques, organisationnelles et normatives sont nécessaires pour faire face à ce phénomène récent: «Il faut améliorer la sensibilisation aux aspects punitifs des mesures de contrôle de la migration, tels que la détention et la déportation, et apporter une aide juridique et de droit procédural aux populations concernées. Nous avons aussi besoin de nouveaux modes de réflexion pour déterminer qui est soumis aux droits et à la protection des pays d'Europe.» Mme Franko ajoute que les entités politiques doivent assurer le même niveau de protection des immigrants que pour les citoyens européens. «C'est pourquoi nous suggérons, entre autres, qu'il est nécessaire de compter systématiquement la mortalité des immigrants aux frontières de l'UE.» Pour atteindre ses objectifs, l'équipe du projet a commencé par procéder à une série d'études ethnographiques, des entretiens et à des analyses de documents juridiques et politiques relatifs aux politiques appliquées aux frontières de l'UE, aux sites de détention d'immigrants, aux prisons et aux pratiques de déportation. Les principaux résultats ont confirmé l'hypothèse initiale de l'équipe du projet selon laquelle l'immigration en masse a un impact important sur les pratiques de contrôle de la criminalité et sur les cultures pénales européennes. Une grande partie des résultats ont été publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture. C'est ainsi que l'article publié par le projet sur Frontex (l'agence européenne de contrôle aux frontières), a reçu le Prix Radzinowicz du British Journal of Criminology en 2015. Toutefois, durant les cinq années du projet, la priorité de l'équipe a été d'encourager l'implication active des citoyens dans ce problème. «Vu la crise d'immigration actuelle en Europe, nous avons considéré qu'il était important de communiquer nos recherches au public général et aux décideurs, et de les impliquer», a déclaré Mme Franko. «Nous avons donc publié une série d'articles d'opinion dans des journaux, procédé à des représentations auprès des services publics concernés, et organisé des séminaires scientifiques et des conférences, ainsi que des évènements ouverts au grand public.». Présenté officiellement en mars 2016, le projet CRIMMIGRATION a donc largement contribué à mieux comprendre comment la police et les institutions de justice pénale appréhendent aujourd'hui le problème actuel des immigrants et de l'immigration. Pour plus d'informations, veuillez consulter: site web du coordinateur du projet
Pays
Norvège