Comprendre la régénération de la paroi cellulaire chez les bactéries
Les cellules de la plupart des bactéries, des algues et des moisissures disposent d'une paroi protectrice, qui est la couche la plus externe. Cette paroi n'existe pas chez les cellules animales. L'absence de la paroi cellulaire chez les bactéries en forme de L leur donne une taille et une forme anormales, et les rend sensibles aux chocs osmotiques mais très résistantes aux antibiotiques qui visent cette paroi cellulaire. Il arrive que des cellules en forme de L reconstituent une paroi cellulaire, ce qui se traduit par la reprise de la maladie chez le patient, lequel souffre d'infections persistantes ou récurrentes. Le blocage de la régénération constituerait un moyen d'empêcher ces infections. Cependant, les mécanismes impliqués dans cette restauration restaient largement inexpliqués. Le projet REGENERATE («Molecular biology of cell wall regeneration in L-form bacteria»), financé par l'UE, a cherché à éclaire la biologie des bactéries de en forme de L, s'intéressant à leur capacité à revenir à l'état de cellule dotée d'une paroi. Vu la difficulté de générer et cultiver des bactéries en forme de L, les scientifiques se sont appuyés sur des méthodes génétiques perfectionnées et sur des souches mutantes, déjà mises au point par le laboratoire hôte. Ils ont ainsi pu obtenir régulièrement des bactéries dn forme de L à partir de souches de laboratoire de Bacillus subtilis. Le protéoglycane, le principal constituant de la paroi cellulaire, devrait nécessiter une amorce pour sa synthèse. Par conséquent, une bactérie totalement privée de la molécule et cultivée depuis assez longtemps ne devrait pas être capable de régénérer une paroi. Pour tester cette hypothèse, les scientifiques de REGENERATE ont inhibé la synthèse du protéoglycane dans une bactérie en L et l'ont cultivée pendant de nombreuses générations. Ils ont ensuite réactivé les gènes, et constaté que les bactéries en L reprenaient la synthèse de la molécule et revenaient à l'état muni de paroi, invalidant la théorie de l'amorçage. Le fait de mieux comprendre la régénération de la paroi cellulaire apporterait des informations importantes sur le rôle possible des bactéries en forme de L dans les infections chroniques. La description des mécanismes impliqués dans le retour des bactéries en forme de L à l'état normal permettrait de concevoir de nouvelles thérapies pour s'attaquer à ces infections.