Prévenir la croissance bactérienne sur les implants chirurgicaux
La plupart des bactéries s'attachent sur les surfaces solides en formant un biofilm imperméable aux médicaments et aux antibiotiques. Malgré de nombreuses recherches sur leur formation et leur possible élimination, nos connaissances restent encore par trop parcellaires. Des chercheurs financés par l'UE ont donc lancé le projet EMBEK1 («Development and analysis of polymer based multi-functional bactericidal materials») afin de combler ces lacunes et d'utiliser ce nouveau savoir pour développer des matériaux antimicrobiens compatibles avec un système de soins durable en Europe. frLe développement de ces matériaux a permis de générer plusieurs nouvelles combinaisons comme par exemple celui d'un système de libération d'ions métalliques dont les propriétés sont contrôlables. Les partenaires du projet ont montré l'efficacité des ions métalliques comme l'argent, le zinc ou le cuivre pour traiter certaines bactéries, ils ont également déterminé les doses appropriées d'activité antibactérienne sans apparition de toxicité. Les chercheurs ont par ailleurs utilisé des vésicules biocompatibles chargées d'agents antimicrobiens, molécules ou virus infectant sélectivement les bactéries pathogènes (bactériophages), qui sont libérés sur site après activation biologique. Les données générées par le projet seront probablement essentielles lors du développement de pansements et de crèmes contenant ces phages. Les partenaires du projet testent actuellement différents types de revêtements sur les textiles hospitaliers. Plusieurs d'entre eux se sont révélés efficaces pour prévenir l'adhésion et la croissance bactérienne tout en stimulant la croissance des tissus sains favorisant donc la bio-intégration de l'implant. Ces excellents résultats ont conduit les partenaires à déposer une demande de brevet. Enfin, en utilisant les techniques modernes de la génétique et de la protéomique, les chercheurs ont développé un insecte modèle présentant toutes les caractéristiques infectieuses avec lequel ils ont pu étudier les effets des systèmes de libération d'ions métalliques comme l'argent, le zinc ou le cuivre et ainsi mieux comprendre les mécanismes de résistance bactérienne. Ces recherches ont par exemple montré que deux bactéries infectieuses particulièrement fréquentes n'ont pu développer aucun signe de résistance au zinc pendant les 18 mois qu'a duré l'étude. Le projet EMBEK1 a déjà permis d'obtenir des résultats très importants quant à la compréhension des mécanismes de croissance bactérienne sur certaines surfaces solides et sur le développement de nouveaux traitements antimicrobiens. Les prochains résultats devraient avoir un impact majeur sur la réduction des infections nosocomiales, l'amélioration de la qualité des soins et la diminution des coûts.