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La vulnérabilité et son rôle dans le choix de ceux qui bénéficient d’une protection

Comment les mécanismes de protection mis en place en faveur des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile se transposent-ils dans la pratique? C’est ce que révèle un projet financé par l’UE.

La nécessité de protéger les migrants et les réfugiés vulnérables est une évidence pour tous les pays. Mais comment les différents États identifient-ils ces vulnérabilités, et comment y répondent-ils? Un récent rapport publié dans le cadre du projet VULNER, financé par l’UE, examine les mécanismes de protection en place en faveur des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile considérés comme vulnérables, puis compare ces mécanismes aux expériences réelles des personnes vulnérables. La première phase du projet VULNER a donné lieu à sept rapports nationaux sur les différentes réglementations et pratiques étatiques par lesquelles sont identifiées et traitées les vulnérabilités des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile. Les pays étudiés étaient la Belgique, le Canada, l’Allemagne, l’Italie, le Liban, la Norvège et l’Ouganda. Les conclusions sont basées sur des analyses juridiques de la législation nationale, des directives administratives et la jurisprudence de chaque pays, et ont été complétées par 216 entretiens approfondis menés auprès de travailleurs sociaux et humanitaires, de fonctionnaires et de juges.

Les différentes significations de la vulnérabilité

En replaçant les sept rapports nationaux dans leur contexte, ce rapport de recherche révèle que le terme vulnérabilité peut revêtir différentes significations, selon la manière dont il est utilisé. En d’autres termes, est-il utilisé comme un outil analytique pour l’étude empirique des expériences humaines, ou comme «un outil juridique et bureaucratique pour adapter l’intervention de l’état aux besoins des personnes»? Le rapport révèle également que, loin d’être un concept neutre, la vulnérabilité est en réalité porteuse de «significations idéologiques implicites et de conceptions d’égalité» qui jouent un rôle dans l’élaboration des évaluations de la vulnérabilité permettant de déterminer qui bénéficiera d’une protection. L’auteur du rapport de recherche et coordinateur scientifique du projet, le Dr Luc Leboeuf, de l’Institut Max-Planck d’anthropologie sociale en Allemagne, a commenté ces résultats dans un article publié sur «idw»: «Il est fascinant de voir comment un objectif politique apparemment consensuel défini au niveau des Nations unies et de l’Union européenne, tel que la protection des personnes les plus vulnérables, peut être compris de manières très différentes et générer des résultats très différents. L’impressionnante quantité de données collectées au cours de la première phase de recherche révèle une grande variété d’approches permettant d’identifier les personnes vulnérables et de répondre à leurs besoins dans les pays étudiés – des procédures standardisées d’évaluation de la vulnérabilité aux processus flexibles, qui laissent une grande marge de manœuvre aux fonctionnaires en charge. Cela nous permet de mieux appréhender les inconvénients respectifs de chaque approche. Nous sommes impatients d’approfondir notre analyse, sur base de l’étude en cours portant sur l’impact de ces différentes approches sur les réalités des migrants.» Le rapport VULNER (Vulnerabilities under the Global Protection Regime: how does the law assess, address, shape, and produce the vulnerabilities of protection seekers?) souligne les dangers de trop se fier aux évaluations standardisées de la vulnérabilité. Ces évaluations permettent d’identifier les besoins pratiques immédiats en fonction de l’âge, du genre, des problèmes de santé sérieux, etc. Cependant, si ces critères entraînent des conséquences définitives, ils peuvent priver les acteurs étatiques de la flexibilité nécessaire pour répondre aux besoins de la personne vulnérable dont ils ont la charge. Un travailleur social norvégien a décrit l’inconvénient de cette approche dans l’article de «idw»: «Nous relevons les aspects les plus lourds, tels que les handicaps et le fait qu’une personne soit sourde. Dans ces circonstances, nous savons qu’il faut agir. Les besoins moins visibles sont plus difficiles à déceler. Les vulnérabilités causées par ce qui s’est passé dans leur pays d’origine ou pendant le voyage vers la Norvège ne sont pas faciles à exprimer.» Pour plus d’informations, veuillez consulter: site web du projet VULNER

Mots‑clés

VULNER, vulnérable, vulnérabilité, migrant, réfugié, demandeur d’asile, protection

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