Une webcam en forme d’œil pour sensibiliser aux dispositifs de détection qui nous entourent
Un scientifique de l’université de la Sarre, en Allemagne, a mis au point une webcam anthropomorphe qui ressemble à un œil humain. Appelé Eyecam, le dispositif imite non seulement les mouvements des yeux avec une grande fidélité, mais il peut également voir et reconnaître son environnement et les personnes qui s’y trouvent. Cela vous semble-t-il un peu glauque? Peut-être. Est-ce un moyen efficace de nous faire remettre en question les dispositifs de détection omniprésents et les relations que nous entretenons avec eux? Certainement. Mis au point avec le soutien du projet InteractiveSkin, financé par l’UE, Eyecam a pour objectif d’élargir le débat sur les technologies de détection afin d’y inclure notre réaction émotionnelle face à elles, ainsi que les enjeux sociaux et éthiques qu’elles impliquent. Les dispositifs de détection deviennent si courants dans notre vie quotidienne que nous commençons à ignorer leur présence et à ne plus nous poser de questions sur leur apparence et leur comportement. «L’objectif de notre projet n’est pas de créer un “meilleur” modèle de caméra, mais de stimuler les discussions. Nous voulons attirer l’attention sur le fait que nous sommes en permanence entourés de dispositifs de détection. La question est de savoir dans quelle mesure cela nous influence», déclare Marc Teyssier, développeur et créateur d’Eyecam, de l’université de la Sarre, hôte du projet, dans un article publié sur le site web «Neuroscience News & Research» (NNR).
Les composants d’Eyecam
La conception d’Eyecam imite de façon réaliste les caractéristiques et les capacités humaines. Le dispositif possède une structure imprimée en 3D recouverte d’une couche de silicone de la couleur de la peau, des implants de poils humains pour le sourcil et les cils, ainsi qu’un globe oculaire grandeur nature imprimé en 3D dans lequel est insérée une caméra miniature à haute résolution à la place de la pupille. Les autres composants électroniques comprennent un micro-ordinateur Raspberry Pi Zero (auquel la caméra est fixée) et six servomoteurs. Les moteurs sont reliés mécaniquement au sourcil, aux paupières et au globe oculaire et peuvent faire cligner l’œil, diriger le regard de cible en cible de manière rapide et sans à-coups, et transmettre des expressions, par exemple, en levant le sourcil. Ils permettent également aux paupières de s’adapter dynamiquement aux mouvements du globe oculaire: lorsque la caméra est dirigée vers le haut, la paupière supérieure s’ouvre largement tandis que la paupière inférieure se ferme. «Avec “Eyecam”, nous nous penchons sur la question de la nécessité, pour un dispositif technique, de refléter sa fonction dans sa conception», a observé Marion Koelle, une chercheuse ayant contribué à l’étude sur le dispositif Eyecam. «Il existe différentes façons de voir; toutes ont leurs propres connotations, comme observer, reconnaître, regarder ou même espionner. En outre, une caméra conçue comme un œil est en mesure d’envoyer des signaux non verbaux par le biais d’expressions faciales. Cela ouvre de toutes nouvelles perspectives en matière d’interactions que les dispositifs techniques ne proposaient pas jusqu’à présent», a ajouté Marion Koelle, qui travaille également à l’université de la Sarre. Par le biais de l’Eyecam, l’équipe de recherche nous demande d’imaginer différents scénarios et de réfléchir à leurs implications. Imaginez qu’Eyecam s’active tout seul et observe chacun de vos mouvements, nous demande une récente vidéo YouTube sur Eyecam. Imaginez qu’il soit toujours présent... même lorsque vous ne le souhaitez pas. D’autres invitations à réflexion sont encore plus étranges: imaginez que vous vous attachez à l’Eyecam ou que le dispositif montre des émotions. «Nos scénarios applicatifs sont fictifs et ont pour but d’amener les personnes à réfléchir à la manière dont nous interagissons avec les dispositifs techniques aujourd’hui, mais également à l’avenir. La particularité de ce projet est qu’il nous permet d’expérimenter et de recréer les scénarios envisagés à l’aide d’un prototype existant physiquement», remarque le Dr Teyssier dans l’article du NNR. Un communiqué décrivant l’Eyecam du projet InteractiveSkin (InteractiveSkin: Digital Fabrication of Personalized On-Body User Interfaces) est disponible en ligne sur le site web du laboratoire d’interaction homme-machine (Human-Computer Interaction Lab) de l’université de la Sarre. Pour plus d’informations, veuillez consulter: projet InteractiveSkin
Mots‑clés
InteractiveSkin, webcam, Eyecam, œil, dispositif de détection