Évaluation des risques liés aux nanoparticules dans les applications médicales
Les applications comme l’administration de médicaments et l’élaboration de diagnostics ont de plus en plus recours à la nanomédecine. Les résultats sont prometteurs dans plusieurs domaines, notamment ceux de l’oncologie, de la cardiologie et de l’immunologie. Cependant, la popularité grandissante des nanobiomatériaux (NBM) soulève également des interrogations quant à leur potentiel effet négatif sur l’environnement après excrétion et dissémination. Une équipe de chercheurs impliquée dans le projet BIORIMA, financé par l’UE, examine ces problématiques. Ces chercheurs ont récemment étudié les risques potentiels liés aux NBM polymères et inorganiques employés dans le cadre de l’administration de médicaments. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue «Journal of Nanobiotechnology». «Cinq nanobiomatériaux polymères ont fait l’objet d’une étude des données écotoxicologiques publiées (chitosane, acide polylactique [APL], polyacrylonitrile [PAN], polyhydroxyalkanoate [PHA], et acide polylactique et polyglycolique [APGL]), ainsi qu’un nanobiomatériau inorganique (hydroxyapatite [HA]), afin d’évaluer les risques environnementaux pour l’eau douce et les sols à l’aide d’une méta-analyse.» L’écotoxicologie se concentre sur la relation entre les effets des activités humaines et leur impact sur les organismes biologiques, en particulier au niveau de la population, de la communauté, des écosystèmes et de la biosphère. Également selon l’étude: «En ce qui concerne les APL, les PHA et les APGL, aucune donnée publiée relative à l’écotoxicité n’a été trouvée et donc aucune évaluation des risques n’a pu être menée.» Elle conclut: «En comparaison à d’autres polluants courants, même le plus sensible des nanobiomatériaux sélectionnés, le chitosane, est moins toxique que des nanomatériaux manufacturés, comme le nano-ZnO et le nano-Ag, que certains antibiotiques courants, métaux lourds ou polluants organiques comme le triclosan. Compte tenu des connaissances actuelles, les nanobiomatériaux couverts par ces travaux ne représentent donc qu’un danger minime, voire inexistant, pour l’environnement.»
Un manque d’estimations fiables
Un nanomatériau est un matériau présentant au moins une dimension externe située entre 1 nm, un milliardième de mètre, et 100 nm, ou des structures internes mesurant moins de 100 nm. Des nanomatériaux inorganiques, tels que les nanoparticules d’or (Au), sont utilisés en imagerie médicale ou dans le cadre du dépistage et du traitement de cancers, tandis que les nanoparticules d’argent (Ag) sont appliquées en tant que revêtement sur les sondes à demeure, les agents antibactériens, les pansements, les implants orthopédiques et les supports issus de l’ingénierie tissulaire. Parmi les autres applications des nanoparticules, on peut également citer l’imagerie biomédicale, la thérapie photothermique, ainsi que la biodétection et les supports de médicaments pour l’administration d’antibiotiques. «Pour la plupart des nanobiomatériaux, il n’existe aucune estimation fiable de la quantité de particules disséminées», affirme le professeur Bernd Nowack, auteur principal de l’étude. Dans le même article publié par le Laboratoire fédéral suisse d’essai des matériaux et de recherche, partenaire du projet BIORIMA, le professeur Nowack déclare également: «il faut considérer que l’utilisation de nanoparticules d’or dans les applications médicales ne pose aucun problème». L’étude indique que le chitosane est plus toxique dans l’eau douce sous sa forme classique que sous sa nanoforme. «Le nanopolymère était donc considérablement moins nocif que les médicaments conventionnels disséminés dans l’environnement, comme les antibiotiques ou les antalgiques. Le deuxième nanopolymère, le PAN, de même que le HA minéral, ont obtenu des résultats supérieurs», comme mentionné dans l’article. Le professeur Nowack ajoute: «Ces substances sont pratiquement non toxiques dans l’eau.» Le même article souligne le fait que «la situation est différente pour les nanoparticules d’argent, qui sont employées en médecine pour leurs effets antibactériens. Au sein de la biosphère, le nanomatériau inorganique exerce un effet toxique similaire sur les micro-organismes indispensables à l’équilibre d’un écosystème». Le projet BIORIMA (BIOmaterial RIsk Management), en cours actuellement, vise à développer un cadre de gestion intégrée des risques pour une manipulation sûre des NBM utilisés dans les médicaments de thérapie innovante et dans les dispositifs médicaux. Les partenaires du projet BIORIMA espèrent également fournir un système d’aide à la décision basé sur le web permettant d’évaluer le rapport bénéfice/risque des produits NBM. Pour plus d’informations, veuillez consulter: Site web du projet BIORIMA
Pays
Royaume-Uni