Une main robotique plus vraie que nature
La mise au point d'une main artificielle, articulée et anthropomorphe, impose de comprendre toute la complexité du fonctionnement de notre propre main. Un projet financé par l'UE s'est attelé à cette tâche et il est en bonne voie. Le projet HANDLE regroupe des chercheurs de 9 institutions partenaires de 6 pays d'Europe. Il a reçu une subvention de 6,35 millions d'euros au titre du thème Technologies de l'information et de la communication (TIC) du septième programme-cadre (7e PC) de l'UE. L'équipe paneuropéenne, constituée de chercheurs d'Allemagne, d'Espagne, de France, du Portugal, de Suède et du Royaume-Uni, espère mettre au point une main artificielle plus autonome et capable de mouvements naturels. La main robotisée a la taille d'une main d'homme adulte et pèse environ 4 kg. Elle est constituée de nombreuses pièces mécaniques de haute précision en aluminium et en plastique, ainsi que de systèmes de capteurs et de mouvements. Avec ses 20 servomoteurs, elle peut réaliser 24 mouvements, soit l'équivalent d'une main humaine. «Outre les avancées technologiques visées, nous travaillons sur des aspects de base de la recherche pluridisciplinaire pour doter la main robotisée de perceptions sophistiquées, du contrôle des informations de haut niveau et de capacités de calcul grâce auxquelles elle pourra reconnaître les objets et le contexte des actions», explique Mohamed Abderrahim, l'un des chercheurs du projet au département d'ingénierie des systèmes et d'automatisation de l'université de Madrid. À ce jour, l'équipe espagnole a bien progressé au niveau de la perception visuelle et des systèmes cinématiques et dynamiques : le système peut reconnaître un objet dans son environnement et transmettre les informations au système moteur et de planification de la main robotisée. Toutefois, le développement d'une main robotisée n'est pas simple. Plusieurs problèmes se posent lorsque l'on tente de reproduire les mouvements de la main, notamment à cause de la place limitée à l'intérieur. «La main de l'homme est extrêmement aboutie et il est difficile d'intégrer dans une main robotique toutes les pièces et les servomoteurs nécessaires pour arriver à une mobilité comparable», ajoute le professeur Abderrahim. Autre problème: la taille des capteurs, actuellement trop grands pour conférer au système une sensibilité et une précision de mouvement similaires à celle de notre main. De plus, même si les chercheurs parviennent à créer une robotique parfaite du point de vue mécanique et sensoriel, elle ne pourra pas fonctionner de façon autonome en l'absence d'intelligence intégrée, ni adapter ses mouvements et ses opérations aux caractéristiques des objets comme leur géométrie, texture, poids ou usage. Ainsi, on ne saisit pas un tournevis de la même façon selon qu'il s'agit de le donner à quelqu'un, de le ranger ou de l'utiliser. Cette dernière action, notamment, exige d'orienter le tournevis dans la main pour qu'il soit utilisable, et c'est l'intelligence qui contrôle ces mouvements. Les chercheurs soulignent qu'une main robotique capable d'effectuer des tâches simples de façon autonome est encore du domaine de la fiction. «À mon avis, il faudra une quinzaine d'années de recherches avant de concevoir une main robotisée capable de réaliser certaines tâches complexes avec une précision, une autonomie et une dextérité similaires à la nôtre», conclut le professeur Abderrahim. La prochaine phase du projet HANDLE, qui s'achèvera en 2013, sera d'intégrer dans un seul système tous les résultats obtenus par les neufs partenaires.Pour plus d'informations, consulter: Universidad Carlos III de Madrid: http://www.uc3m.es/portal/page/portal/inicio HANDLE: http://www.handle-project.eu/
Pays
Allemagne, Espagne, France, Portugal, Suède, Royaume-Uni