Le projet BioMara financé par l'UE cherche de nouvelles méthodes pour produire des biocarburants à base d'algues
Lancé le 3 avril, le projet BioMara étudiera le potentiel de diverses algues dans la production de biocarburants. Sur un total de 6 millions d'euros, le projet a reçu 4,87 millions du programme Interreg IVA, géré par le Special EU Programmes Body (organisme spécial consacré aux programmes de l'UE). L'agenda politique de l'UE a placé en tête de sa liste de priorités la réduction de la dépendance envers les combustibles fossiles et l'adoption d'un bouquet énergétique durable. L'importance de la production de biocarburants à l'échelle industrielle a été soulignée par un appel du Parlement européen souhaitant que d'ici 2020, 10% du carburant utilisé par les transports routiers proviennent de sources d'énergie renouvelables. L'une des principales difficultés pour développer la production durable de biocarburants est la gestion des sols. La production de biocarburants concurrence en effet l'agriculture, ce qui pose un sérieux problème face à l'accroissement de la population mondiale et risque d'entraîner une augmentation notable du coût des aliments. En outre, et par rapport aux ressources nécessaires à leur production, le rendement des biocarburants conventionnels n'est pas optimal. La directrice du projet BioMara Dr Michele Stanley de la Scottish Association for Marine Science déclare que «face à la diminution des réserves mondiales de combustibles fossiles et au réchauffement climatique résultant de l'augmentation de la quantité de gaz carbonique rejeté dans l'atmosphère, il est urgent de trouver des sources renouvelables de carburant, à faible impact carbone [...] Les cultures habituelles pour les biocarburants sont en concurrence avec l'agriculture et la nature pour l'eau et la terre. Nous avons besoin de végétaux à croissance rapide, faciles à cultiver et capables de prospérer dans des environnements qui ne sont pas utilisés par l'agriculture ou la préservation de la nature.» BioMara se penchera donc sur la possibilité d'utiliser des algues microscopiques (qui produisent directement du biocarburant) et des algues de plus grande taille (utilisées comme biomasse). «Les algues marines pourraient être un élément de la solution», poursuit le Dr Stanley. «Leur croissance est rapide, elles capturent le gaz carbonique et leur structure simple facilite leur conversion en carburant.» L'algaculture (la culture des algues pour la production de biocarburants) a déjà rencontré un grand intérêt, mais il n'existe pas encore de méthodes viables à l'échelle industrielle. Des progrès dans ce domaine seraient les bienvenus, car les algues n'utilisent pas les ressources en eau douce, elles sont biodégradables et leur libération dans l'environnement a un effet négligeable. Elles peuvent aussi être cultivées en utilisant une grande diversité d'eaux, y compris usées. Cependant, les coûts initiaux et d'exploitation sont actuellement trop élevés pour que l'algaculture remplace les autres carburants disponibles. «La libération du potentiel des biocarburants à base d'algues nécessitera beaucoup de recherche et de développement», constate le Dr Stanley. «Outre les algues macroscopiques, nous tenterons de déterminer quelles microalgues conviennent le mieux à la production de carburant et à une culture à l'échelle industrielle. BioMara s'intéressera à toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement énergétique, depuis la culture des algues jusqu'à l'utilisation du carburant par des communautés isolées.» Le projet BioMara portera une attention particulière à la production et à l'utilisation de biocarburants par les communautés rurales isolées. Les partenaires du projet sont l'université de Strathclyde en Écosse, la Queen's University de Belfast et l'université d'Ulster en Irlande du Nord, et le Dundalk Institute of Technology et l'Institut Sligo de technologie d'Irlande. Lors du lancement du projet, Jim Mather, le ministre écossais des entreprises, de l'énergie et du tourisme, soulignait que BioMara est «un projet innovant, à la pointe du progrès en termes d'énergies marines renouvelables». Il ajoutait que le projet «apporte les moyens d'une collaboration d'avant-garde et transnationale entre des partenaires d'Écosse, d'Irlande et d'Irlande du Nord, et représente une contribution majeure aux activités conduites en Écosse concernant les énergies vertes et renouvelables.» Pat Colgan, directeur exécutif du Special EU Programmes Body, déclarait: «Face à l'urgence de réduire les émissions de CO2, BioMara fournit une réponse intégrée en étudiant des sources alternatives d'énergie basées sur une biomasse d'origine marine. C'est ainsi un excellent exemple de coopération pour une région transfrontalière durable.» Pour la période 2007 à 2013, le programme Interreg IVA dispose d'un budget de 240 millions d'euros. Son objectif est de soutenir la coopération dans la région «Irlande du Nord, région frontalière de l'Irlande et Ouest de l'Écosse», dans les domaines de l'entreprise, du tourisme, de la collaboration et de l'infrastructure. Le projet BioMara est également soutenu par le programme des Fonds structurels de l'UE en Irlande pour 2007-2013, lequel est financé par le gouvernement irlandais et l'Union européenne.
Pays
Irlande, Royaume-Uni