Des chercheurs révèlent le secret du cheval blanc
On vient enfin d'identifier la mutation génétique responsable de la robe si attrayante des chevaux blancs. Une équipe internationale, dirigée par des chercheurs de l'université d'Uppsala en Suède, a non seulement identifié la mutation conduisant à ce phénotype, mais également déterminé le gène unique permettant de remonter jusqu'à un ancêtre commun, qui a vécu il y a plusieurs milliers d'années. Le cheval blanc est un symbole de haut rang social, qui a eu un fort impact sur les cultures humaines de par le monde. C'est un emblème sur de nombreux drapeaux, notamment celui de la Basse-Saxe en Allemagne, et il est fréquent en littérature. Il est même l'acteur principal de la fameuse École d'équitation espagnole de Vienne (Autriche). Ce que beaucoup ignorent, c'est qu'un cheval blanc (tel que celui apparaissant sur l'emblème de l'École d'équitation espagnole de Vienne) ne naît pas tout blanc. Il peut être brun, châtain ou même noir. Il ne devient blanc qu'à l'âge adulte. Cette transformation constituait le sujet principal de l'étude. «Il est fascinant de penser qu'un jour, dans notre passé, un cheval est devenu gris puis blanc en grandissant. Les témoins de cette transformation ont été à ce point séduits qu'ils ont utilisé l'animal à des fins de reproduction, et la mutation s'est transmise depuis lors, de génération en génération», déclare le professeur Leif Andersson, du département de biochimie et de microbiologie médicale de l'université d'Uppsala. Aujourd'hui, environ un cheval sur dix porte la mutation qui le fait grisonner puis blanchir avec l'âge. Le processus démarre lors des premières années de sa vie, mais ne s'achève en général que vers six à huit ans. Cependant, la peau reste pigmentée. Le phénomène ressemble au grisonnement qui se produit chez l'homme, mais il est extrêmement rapide chez ces chevaux. Les résultats de l'étude ont été publiés en ligne le 20 juillet dans la revue Nature Genetics. Cette découverte est également d'un grand intérêt dans le domaine médical, car la mutation augmente le risque de mélanomes. Environ 75% des chevaux gris de plus de 15 ans ont un mélanome bénin, qui dans certains cas se transforme en tumeur maligne. L'étude présentée aujourd'hui offre donc de nouvelles informations sur une voie moléculaire qui pourrait induire le développement de tumeurs. L'équipe a étudié les cellules de la couche basale de l'épiderme, et recherché si le gène de la mutation stimulait à l'excès les cellules productrices de mélanine, conduisant à l'arrêt prématuré de leur fonctionnement. «Nous avons établi l'hypothèse selon laquelle la mutation stimulait la croissance des mélanocytes, conduisant à un épuisement prématuré des cellules souches nécessaires à la pigmentation du poil, alors qu'elle favorise un élargissement de certains des mélanocytes responsables de la pigmentation de la peau», explique le professeur Andersson. «Il est très probable que des mutations régulatrices comme celles que nous avons découvert chez les chevaux blancs constituent la principale catégorie de mutations à l'origine des différences entre les races d'animaux domestiques ainsi qu'entre des espèces comme l'homme et le chimpanzé», conclut-il.
Pays
Suède