Le Groenland était autrefois une terre verte, révèlent les scientifiques
Une recherche récente confirme que le Groenland a vraiment été une Terre verte; en effet, les hautes terres du sud du pays abritaient dans le passé une forêt boréale luxuriante. L'étude, en partie financée par le programme Marie Curie de l'UE, est publiée dans la dernière édition de la revue Science. Les scientifiques en sont arrivés à leurs conclusions après avoir analysé un ADN fossile extrait de la carotte glaciaire forée dans le site Dye 3, situé dans le sud du Groenland. Les échantillons ont révélé la présence d'arbres tels que l'aulne, l'épicéa, le pin et l'if sur le site, ainsi que d'invertébrés tels que les scarabées, les mouches, les araignées, les papillons et les phalènes. Les échantillons dataient de 450000 à 800000 ans. Cela représente l'ADN authentifié le plus ancien de l'histoire. «L'analyse des biomolécules anciennes provenant de la partie inférieure des glaciers et des miroirs de glace est très difficile en raison des faibles concentrations, mais l'information récoltée en vaut la peine», commente le Dr Enrico Cappellini de l'Université de York, l'un des auteurs de l'article. Connaissant les limites des plantes identifiées dans l'environnement, les chercheurs pensent que les températures moyennes de juillet à cette époque ne dépassaient pas les 10 degrés Celsius, et les températures hivernales ne descendaient pas en dessous de - 17 degrés Celsius. «Ces découvertes nous permettent d'établir une reconstitution plus précise de l'environnement de l'époque à laquelle ont été prélevés ces échantillons. Nous avons appris que cette partie du monde était considérablement plus chaude que l'on ne le pensait», fait remarquer le Dr Martin Sharp de l'Université d'Alberta. Cette ancienne forêt de l'Arctique a disparu, et la terre s'est recouverte d'un miroir de glace lorsque les températures ont chuté au cours de l'âge de glace qui a suivi. Cependant, lorsque les températures sont remontées il y a quelque 116000 à 130000 ans, le miroir de glace n'a pas bougé, même si durant cette période les températures étaient de 5 degrés supérieures à celles d'aujourd'hui. «Si nos données sont correctes, cela signifie que la calotte glaciaire du sud du Groenland est plus stable qu'on ne le pensait», déclare le Professeur Eske Willerslev de l'Université de Copenhague, principal auteur de l'étude. «Cela pourrait expliquer la façon dont les miroirs de glace réagissent face au réchauffement planétaire.» Cependant, le Professeur Willerslev s'empresse de rappeler que cela ne devrait pas détourner notre attention des risques potentiels de l'élévation du niveau de la mer résultant du réchauffement planétaire. «Durant la dernière ère interglaciaire, les niveaux de la mer se sont élevés de cinq à six mètres. Cet évènement a cependant sans doute été provoqué par d'autres sources que la calotte glaciaire du Groenland, telles que la glace de l'Antarctique», fait-il remarquer. «Le réchauffement de la planète résultant de changements climatiques d'origines anthropogéniques, ces sources contribueraient tout de même à une élévation du niveau de la mer.»