De nouveaux critères de fiabilité pour la gestion des systèmes électriques
La gestion de la fiabilité des systèmes électriques permet de maintenir le fonctionnement du réseau électrique au niveau souhaité, tout en réduisant les coûts socio-économiques encourus par le maintien de ce niveau de performance. En Europe, la gestion de la fiabilité des réseaux a toujours reposé sur le critère dit «N-1». Celui-ci prévoit qu’en cas de défaillance d’un élément vital du système, les éléments restant en fonctionnement doivent être en mesure de s’adapter aux nouvelles conditions d’exploitation sans enfreindre les limites de sécurité opérationnelle des réseaux. De nos jours, l’incertitude croissante au niveau de la production d’électricité imputable à la nature intermittente des sources d’énergie renouvelables, combinée aux possibilités de gestion de la demande et du stockage de l’énergie, appelle à l’établissement d’un nouveau critère de fiabilité. Le projet GARPUR a relevé ce défi en concevant, développant et évaluant un nouveau critère de fiabilité fondé sur les probabilités pour le système électrique paneuropéen actuel et ses évolutions futures. Évaluation des conséquences des défaillances du système électrique Les chercheurs ont évalué la pertinence des critères et de leur utilisation dans la pratique, tout en cherchant à maximaliser le bien-être social. «La méthodologie repose sur deux éléments innovants», explique Oddbjørn Gjerde, le coordinateur du projet. «D’abord, elle envisage à la fois la probabilité et les conséquences d’une défaillance du système électrique. Ensuite, elle tient compte de l’impact socio-économique de cette défaillance.» Cette nouvelle méthodologie permet aux GRT d’évaluer la probabilité et les conséquences des défaillances de leur système électrique, qui ont été exprimées en termes de coût potentiel des coupures de courant pour le consommateur. «Ces informations permettent aux GRT de prendre des décisions et de consentir des investissements qui assurent le meilleur équilibre entre sécurité et coût de l’approvisionnement énergétique», explique Gjerde. Ces nouveaux critères ont été élaborés dans une optique de développement des systèmes, de gestion des actifs et d’exploitation des systèmes, afin d’assurer un traitement cohérent de la fiabilité, quel que soit l’horizon considéré. Des modèles mathématiques et de calcul ont également été utilisés pour prédire le lieu, la durée et le niveau des coupures de l’alimentation électrique. Cette approche innovante a été conçue pour pouvoir s’intégrer de manière harmonieuse aux processus existants des GRT. Les GRT ont mis à l’essai cette méthodologie dans le cadre de la planification et de l’exploitation de leur réseau, et les résultats obtenus ont été très prometteurs. Trouver le bon équilibre Le partenaire GRT en France a comparé la règle du N-1 actuelle à la nouvelle approche, et est arrivé à la conclusion que cette dernière assurait un niveau de fiabilité similaire, mais à moindre coût. En Belgique, le GRT a évalué la méthodologie en montrant comment les techniques de clustering pouvaient servir à créer des états d’exploitation pour une année ultérieure. Le GRT islandais a mis en œuvre une évaluation de la fiabilité fondée sur les probabilités dans le contexte de l’exploitation d’un système. Cette évaluation offrait une visualisation des risques en temps réel et de précieux indicateurs pour les opérateurs du poste de commande. En outre, le partenaire GRT norvégien a eu recours à cette méthodologie pour mener une étude de planification pour l’expansion des systèmes. Il ressort de cette étude que, pour certaines zones, la solution qui offre le plus haut degré de fiabilité ne serait pas l’option la plus avantageuse sur le plan socio-économique, car le surcoût d’investissement l’emporte sur les avantages qu’elle procure. Dans ce cas, il serait possible de réaliser des économies importantes d’environ 25 %, essentiellement grâce à des coûts d’investissement moindres. GARPUR entend élargir la gestion de la fiabilité fondée sur les probabilités, assurée à l’heure actuelle par des experts au sein des organisations GRT – auxquels il incombe d’assurer la sécurité de l’approvisionnement électrique –, à l’ensemble des parties prenantes associées de près ou de loin à la gestion de la fiabilité des systèmes électriques. Seront également concernés les régulateurs et les gouvernements chargés de veiller à ce que le système œuvre au bénéfice de tous les secteurs de la société. La prise de décisions plus éclairées constitue l’un des plus importants avantages engendrés par le projet GARPUR. L’application de la méthodologie du projet permet de connaître les risques (définis comme la probabilité x la conséquence) des coupures de courant, ce qui rend une comparaison possible entre différentes options et, en conséquence, une sélection optimale. «L’objectif est de trouver l’équilibre optimal entre les coûts liés à la fourniture d’un approvisionnement électrique fiable et les coûts socio-économiques des coupures de courant», conclut Gjerde.
Mots‑clés
GARPUR, fiabilité, gestionnaires de réseaux de transport, système électrique, probabilité