Des nano‑véhicules libèrent les médicaments là où ils sont requis
Les médicaments utilisés dans le traitement des maladies graves, telles que le cancer et la maladie d’Alzheimer, ne sont pas aussi efficaces qu’ils pourraient l’être. En ce qui concerne la maladie d’Alzheimer, seulement 30 % des patients réagissent au traitement, une statistique qui donne à réfléchir étant donné qu’environ 33 millions de personnes dans le monde sont atteintes de cette maladie. Le taux de réponse pour le cancer est encore plus bas. Un simple quart réagit de manière positive au traitement et 9,6 millions de personnes décèdent chaque année des suites de différentes formes de cette maladie. Au cours du projet NABBA, financé par l’UE, de jeunes chercheurs ont travaillé sur des solutions innovantes qui amélioreraient l’efficacité du médicament pour les maladies aux taux de réponse très faibles. L’équipe du projet a mis au point des nano‑véhicules afin d’améliorer la libération des médicaments, et les résultats sont prometteurs. Quel est le problème? «Le vrai obstacle n’est pas l’absence d’un médicament efficace, mais la difficulté à le faire atteindre la cible thérapeutique», indique le professeur Francesco Nicotra de l’Université de Milan‑Bicocca, coordinateur du projet, dans un article posté sur le site web «News Medical». Il y a deux raisons à cela. La première est que les médicaments ne peuvent pas franchir les barrières biologiques telles que la barrière hémato‑encéphalique, la peau et les membranes muqueuses dans l’intestin grêle, le nez et la bouche. Ces barrières constituent des façons naturelles de garder hors de portée des matières étrangères et de faire passer uniquement les molécules minuscules possédant certaines caractéristiques. Elles sont surtout problématiques pour la plupart des médicaments biologiques, tels que les protéines recombinantes, les anticorps et les thérapies géniques. L’autre raison est que lorsque le corps identifie un médicament comme une substance étrangère ou non‑soi, il peut déclencher sa réponse immunitaire afin de s’en débarrasser. Par conséquent, le défi est de protéger ce médicament dans la circulation et de lui permettre de franchir les barrières qui se tiennent entre lui et les cellules malades. La solution véhiculaire Les nano‑véhicules de l’équipe du projet sont basés sur différentes molécules d’auto‑assemblage naturelles et synthétiques, telles que les liposomes, les polysaccharides, le squalène et le polyterpène. Les chercheurs du projet NABBA ont conçu ces véhicules de manière à ce qu’ils soient indétectables par le système immunitaire et qu’ils puissent franchir les barrières biologiques. Ils ont rencontré un nouveau succès en augmentant la capacité de chargement du médicament des nano‑véhicules et ils ont atteint une libération contrôlée du médicament une fois qu’il avait atteint la zone cible. «L’objectif le plus difficile était de favoriser un ciblage actif spécifique, en d’autres termes, la capacité à libérer le médicament de manière sélective là où il est requis», indique le professeur Nicotra. Pour ce faire, l’équipe avait deux stratégies. La première impliquait le fait de fournir des nano‑véhicules avec des clés spécifiques (des peptides, des glucides ou des anticorps) pouvant ouvrir un passage vers les cellules cibles. Dans la deuxième approche, un signal par ultrasons a été utilisé afin d’échouer le nano‑véhicule et de libérer le médicament au niveau de la barrière. En raison de leurs petites tailles, les médicaments pouvaient traverser la barrière et atteindre la zone cible. «Nous avons obtenu des résultats très intéressants et prometteurs», indique‑t‑il, «en particulier en ciblant différents tissus tumoraux et des pathologies cérébrales; la barrière hémato‑encéphalique est la barrière biologique la plus difficile à franchir.» Il faut généralement entre 10 et 15 ans pour qu’un nouveau médicament soit mis sur le marché. Cependant, une classe de nanoparticules élaborées dans le cadre du projet NABBA (Design and development of advanced NAnomedicines to overcome Biological BArriers and to treat severe diseases) est déjà défendue par une start-up de biotechnologie italienne. Enregistrées sous le nom d’Amyposomes, ces nanoparticules seront élaborées comme un traitement pour certains troubles des nerfs périphériques, puis comme un traitement possible contre la maladie d’Alzheimer. Pour plus d’informations, veuillez consulter: site web du projet NABBA
Pays
Italie