Surfer sur la vague pour promouvoir l’aquaculture
Bien qu’ils représentent l’une des ressources les plus importantes de notre planète, les océans restent gravement sous-échantillonnés. Un rapport de l’UE fait en effet remarquer: «Environ 15 % des masses d’eau de surface de l’UE se trouvent dans un état écologique inconnu et 40 % dans un état chimique inconnu.» Par ailleurs, plus d’un quart des produits de la mer consommés dans l’UE proviennent de nos mers et océans, qui assurent également 60 millions d’emplois dans l’ensemble du secteur de la pêche et de l’aquaculture. Dans la mesure où les pertes économiques liées aux seules proliférations d’algues nuisibles sont estimées à 909 millions d’euros par an pour le seul secteur de l’aquaculture européenne, il est essentiel de disposer de systèmes de surveillance fiables permettant l’observation continue du milieu marin. Avec le soutien de l’UE, le projet Undersee a mis au point un dispositif aquatique innovant, similaire à ceux utilisés par les centres de recherche dans les navires occasionnels (SOOP), qui sont équipés de systèmes à flux passant (généralement appelés «ferryboxes») dotés d’un circuit de dérivation qui amène l’eau vers le système hydraulique principal du navire, où se trouvent tous les capteurs.
Données en temps réel
«La ferrybox d’Undersee peut être installée sur presque tous les bateaux, ce qui permet de recueillir des données sur site en temps réel sur la qualité de l’eau et d’en prévoir l’évolution. Les pisciculteurs et les agences environnementales pourraient tirer d’énormes avantages de cette nouvelle solution», déclare Jorge Vieira, coordinateur du projet Undersee. Jorge Vieira, PDG de Matereospace, au sein de l’Institut Pedro Nunes (IPN), l’Association pour l’innovation et le développement en science et technologie, au Portugal, qui a accueilli le projet, souligne que la ferrybox d’Undersee est plus petite, plus légère et adaptée à toutes sortes de bateaux. «Elle offre des capacités bien supérieures à celles des versions précédentes. Elle collecte automatiquement et sur site des données sur l’eau telles que la température, le pH, l’oxygène dissous et la turbidité, qu’elle envoie ensuite à une plateforme sur le cloud. Ces données sont alors jointes à celles du satellite Copernicus et intégrées à un modèle numérique», explique Jorge Vieira. «Tout comme vous pouvez accéder aux informations météorologiques sur votre smartphone et décider d’emporter ou non un parapluie les jours suivants, notre système Undersee permet aux utilisateurs de procéder de la même manière pour la qualité de l’eau», ajoute-t-il.
Alertes et prévisions
En cas de prolifération subite d’algues, les agences environnementales reçoivent une alerte automatique par SMS ou par e-mail ainsi que des informations sur les prévisions d’évolution pour les jours à venir. Elles peuvent ainsi prélever des échantillons d’eau pour vérifier la toxicité et prendre les décisions nécessaires en temps utile. Les pisciculteurs disposent des mêmes informations et sont susceptibles d’utiliser la solution comme un outil de gestion quotidienne pour vérifier les paramètres de qualité de l’eau et les prévisions d’évolution sur les prochains jours, ou pour planifier les besoins alimentaires des poissons. «Notre ferrybox est opérationnelle, elle est d’ores et déjà utilisée dans le cadre de trois contrats de surveillance avec des agences environnementales et des centres de recherche. Nous avons reçu de bons échos de la part des pisciculteurs d’Espagne, de Norvège, du Portugal et d’Écosse, c’est pourquoi nous espérons conclure bientôt de nouveaux contrats avec d’autres entités travaillant dans ce secteur», explique Jorge Vieira. Le système est également testé ailleurs, notamment dans un projet de transfert de technologie portant sur les surfaces antifouling, afin d’augmenter la durée de vie des capteurs ferrybox et la fiabilité des données. «Nos objectifs principaux à court terme sont l’amélioration des plateformes sur le cloud, afin de disposer d’une meilleure prévision, et l’adaptation de notre dispositif pour l’observation de la colonne d’eau via des véhicules sous-marins autonomes. Cette solution permettrait d’optimiser les activités d’extraction en haute mer», conclut Jorge Vieira.
Mots‑clés
Undersee, prolifération d’algues, bateau, plateforme sur le cloud, agences environnementales, ferrybox, pisciculteurs, données sur site, surveillance, satellite, capteur, qualité de l’eau
